Le Bloc-notes
de Jean-Claude Trutt

Taras Chevtchenko, poète ukrainien

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(Taras Chevtchenko : Notre âme ne peut pas mourir, avant-propos d’André Markowicz, traduction et préface par Guillevic, Editions Seghers, 2022)

Ceux qui ont lu Les Abeilles grises d’Andreï Kourkov se souviendront peut-être que le héros principal du roman, l’apiculteur Sergueïtch, se lève pendant une nuit où il a du mal à dormir et va échanger toutes les plaques de sa rue contre celles de la rue de son ami-ennemi Pachka. Or Sergueïtch habite rue Lénine et Pachka rue Chevtchenko. Pachka, le lendemain matin, est plutôt content. Il aime les Russes de Poutine, il aimait ceux de l’Empire soviétique et il aime encore Lénine. Alors que Sergueïtch dit : « j’aime quand même mieux habiter la rue d’un poète ! ».

Alors j’ai voulu savoir qui était ce Chevtchenko. Et découvre que c’est leur plus grand poète, aux Ukrainiens, qu’il est né serf au début du XIXème siècle (en 1814), qu’il s’est battu toute sa vie contre un autre tsar que Poutine, le tsar Nicolas 1er, qu’il a passé la plus grande partie de sa vie en prison ou en exil, qu’il a passionnément aimé son Ukraine (et son fleuve le Dniepr) et qu’il a jeté les bases du système d’écriture, ou plutôt de l’orthographe, de la langue ukrainienne.
L’ouvrage que j’ai trouvé est plus ou moins une réimpression d’une publication de Seghers dans sa collection Poètes d’aujourd’hui de 1964. A l’époque la République socialiste d’Ukraine faisait partie de l’Empire soviétique et Chevtchenko n’était pas mal vu par le Parti communiste puisqu’il pouvait être considéré comme un combattant contre le régime autocratique tsariste et les possédants. D’ailleurs Guillevic, le traducteur, était alors membre du PC.
Parlons-en, de Guillevic. Je le connais. Dans une préface à l’un des volumes de l’Anthologie de poésies alsaciennes réalisée par Martin Allheilig, il raconte que, fils d’un fonctionnaire breton placé en Alsace du Sud, à Ferrette, il avait appris le dialecte du coin, le haut alémanique, car, dit-il, sinon il m’aurait été impossible de communiquer avec mes copains. Et c’est ainsi que ce Breton, devenu grand poète plus tard, et qui n’a pourtant pas appris le breton (pas nécessaire, lui avait dit son père) est resté pendant toute sa vie un grand ami de notre poète sundgauvien Nathan Katz et était probablement l’un des très rares Français de « l’Intérieur » à être capable de lire et d’apprécier les poèmes et les nouvelles en haut-alémanique de son ami. Alors a-t-il appris l’ukrainien pour traduire Chevtchenko ? Ou le russe pour traduire des poètes de langue russe ? Non, dit-il. Et il s’explique : « mon expérience rejoint celle d’autres poètes contemporains et me permet de croire que l’on peut honnêtement (et l’honnêteté poétique ne peut être confondue avec l’honnêteté linguistique) traduire un poète sans connaître sa langue, à la condition de faire, par symbiose avec un amateur de poésie connaissant les deux langues, un traducteur unique en deux personnages, tâtonnant, avançant, mot à mot, vers par vers, image par image… » (l’amateur de poésie qui l’a aidé est un certain Wladyslav Pelc, « historien et homme de lettres, connaisseur de Chevtchenko et de son époque »). André Markowicz qui préface le recueil et qui avait travaillé, dans sa jeunesse, avec Guillevic sur des textes russes, le confirme et dit combien le poète l’avait impressionné par sa passion et son attention au texte : il ne se contentait pas du mot-à-mot, dit-il, « il demandait à entendre le texte en russe, m’interrogeant sur le mètre, sur les sonorités, travaillait, pendant des heures, sur un vers ou un autre, recommençait si j’avais l’audace de lui faire une remarque… ». Et c’est vrai que cette traduction du poète ukrainien me semble être une vraie réussite. C’est en vers libres qu’il traduit. Ou plus tôt en vers blancs, syllabiques. Et c’est vrai qu’on n’a pas besoin de rimes. Le rythme du poème peut être rendu autrement, par le rythme syllabique par exemple. Et je m’aperçois que très souvent Guillevic adopte un nombre constant de syllabes, huit par exemple. Mais je vais tout de suite illustrer ce qui précède par le début du premier poème du recueil. Qui a pour titre : Testament (1845).
Quand je serai mort, mettez-moi
Dans le tertre qui sert de tombe
Au milieu de la plaine immense,
Dans mon Ukraine bien-aimée,
Pour que je voie les champs sans fin,
Le Dniepr et ses rives abruptes,
Et que je l’entende mugir.
La suite du poème me fait revenir aux temps actuels, au drame qui se déroule là-bas :
Lorsque le Dniepr emportera
Vers la mer bleue, loin de l’Ukraine,
Le sang de l’ennemi, alors
J’abandonnerai les collines
Et j’abandonnerai les champs,
Jusqu’au ciel je m’envolerai
Oui, mais nous qui suivons tous les soirs la guerre sur LCI, nous savons, hélas, que là où le Dniepr se jette dans la mer bleue que nous appelons noire, l’Ukraine n’est plus. Elle est à l’ennemi…

L’Ukraine est constamment présente dans son œuvre même s’il a passé la plus grande partie de sa vie en exil ou en prison. Ce qu’il déplore dans ce poème intitulé Ça m’est bien égal (1847. En prison) :
Que je vive en Ukraine ou non,
Après tout, ça m’est bien égal.
Que l’on se souvienne de moi,
Que l’on oublie mon existence,
Moi dans la neige à l’étranger,
Après tout, ça m’est bien égal.
J’ai grandi dans la servitude
Et c’était chez des étrangers,
En esclavage je mourrai
Sans voir les larmes de mes proches.

Les images qu’il conserve de son Ukraine sont pourtant rarement heureuses. On n’y retrouve pas souvent cette description idyllique de la chaumière entourée de cerisiers. Comme ici dans ce poème, Sous les cerisiers (1847. En prison) :
Les cerisiers entourent la chaumière.
Au-dessus d’eux des hannetons bourdonnent,
Avec leurs charrues les hommes reviennent,
Chemin faisant les jeunes filles chantent
Et pour le souper les mères attendent.
La famille est là près de la chaumière
Qui prend son repas dans le crépuscule.
C’est la jeune fille qui sert à table,
La mère essaie bien de la sermonner,
Mais le rossignol se fait mieux entendre.
La mère a couché ses petits enfants
Près de la chaumière, à la belle étoile,
A côté d’eux elle-même s’endort.
Tout bruit s’éteint. Les jeunes filles seules
Veillent encore avec le rossignol.

Mais l’enfance de Chevtchenko n’avait rien d’idyllique. Il était né près de Kiev dans la propriété d’un certain Engelhardt (un Allemand ?). Son père était serf, donc lui aussi était serf. Il perd sa mère à 9 ans, son père se remarie, sa belle-mère est une femme terrible, puis le père meurt aussi. Il a 11 ans et sa vie sera un enfer. Il la raconte dans un poème intitulé Si vous saviez, jeunes seigneurs (1850. Orenbourg) :
Si vous saviez, jeunes seigneurs,
Si vous saviez où les gens pleurent,
Vous n’écririez pas d’élégies,
Vous ne loueriez pas Dieu pour rien
Tout en vous moquant de nos larmes.
Je ne sais pas pourquoi l’on dit
Que c’est un paradis tranquille
La chaumière dans le bosquet.
Jadis dans pareille chaumière,
J’ai souffert, j’ai versé des larmes,
Ce furent mes premières larmes.
Il se souvient de sa jeune mère, sur les bords de l’étang limpide. Ma mère m’y donna le jour,/elle y chantait en me langeant/et faisait couler sa tristesse/sur son enfant… Quant à lui, il y a vécu l’enfer, l’esclavage. Et c’est là que sa mère mourut, toute jeune encore. De misère et de dur labeur. Puis le père mourut à son tour. Et les enfants sont dispersés parmi les gens. Comme des souris. Et le poète maudit le ciel. Et pleure sur ses frères qui travaillent comme serfs, jusqu’à ce qu’on rasât leurs crânes/pour les envoyer à l’armée. Et pleure sur ses sœurs qui devront dans des familles étrangères, vous livrer au travail à gages/vos nattes y deviendront blanches
Pourtant il restera attaché, toute sa vie durant, à l’une de ses sœurs, Iarina Grigorivna Boïko, à qui il dédie un poème intitulé A ma sœur (1859. Tcherkassy). Il y voit sa sœur en rêve :
Sur une colline, un jardin,
Dans le jardin une chaumière
On voit de là s’étendre au loin
Le Dniepr, notre père qui brille
Et qui jette des étincelles.
Dans l’ombre du jardin, je vois :
Assise sous un cerisier
Ma sœur unique se repose,
Elle est là comme au paradis,
Elle qui souffrit tellement.
Elle est là qui m’attend, la pauvre,
Moi qui viens d’au-delà le Dniepr.
Mais, hélas, ce n’est qu’un rêve. Dont il se réveille et constate :
Toi serve, moi dans l’esclavage.
Ainsi dès l’âge le plus tendre
Il nous a fallu traverser
Un champ de chardons.
Prie que si nous restons en vie,
Dieu nous aide à le traverser.

Beaucoup de poèmes de Chevtchenko évoquent l’exil, les hommes qui partent et ne reviennent plus et les femmes qui attendent leur retour, qui l’espèrent, jusqu’à ce qu’elles disparaissent à leur tour. Comme dans ce poème sur les trois chemins et les trois frères qui a une particularité : un vers court, de cinq syllabes, dans la version de Guillevic :
Oh ! Les trois chemins,
Trois larges chemins
Se sont réunis.
Voici que trois frères
Ont pour l’étranger
Quitté leur Ukraine,
Ont laissé leur mère,
L’un a quitté sa femme,
Le second sa sœur,
Et pour le plus jeune
C’est sa fiancée.
Dans le champ la mère
A planté trois frênes,
La bru a planté
Un grand peuplier,
La sœur trois platanes
Au sein du vallon
Et la jeune fille
C’est la fiancée,
Planté l’obier rouge.
Mais les frênes n’ont pas pris racine, le peuplier a séché sur pied et les platanes et l’obier se sont flétris. Alors pleure la mère, pleure la femme, dans la maison froide, pleure la sœur et part à la recherche de ses frères, quant à la fiancée, elle se couche dans son cercueil. Car les trois frères ne reviendront pas et les trois chemins se couvrent de ronces.

Le Dniepr, aussi, est omniprésent dans la poésie de Chevtchenko. Comme dans ces vers qui introduisent son poème fantastique de la Folle (1837. Saint-Pétersbourg) et qui ont été repris dans un chant populaire ukrainien :
Il mugit et gémit, le large Dniepr ;
Au-dessus de lui hurle un vent puissant
Qui courbe jusqu’à terre les grands saules,
Soulève les flots, on dirait des monts.
A cette heure-là, la lune encore pâle
Sortait un peu de derrière un nuage
Comme une nacelle dans la mer bleue
Qui tantôt émerge et tantôt s’enfonce.
Les troisièmes coqs n’avaient pas chanté,
Personne encore ne faisait de bruit ;
Dans le bosquet s’appelaient les hulottes
Et de temps en temps le frêne grinçait.
Ce long poème est d’ailleurs très beau et rappelle certains poèmes romantiques allemands. On commence par percevoir une tache noire au-dessus de l’eau, puis quelque chose de blanc qui erre. Est-ce une petite ondine ? Qui attend un cosaque pour le chatouiller à mort ? Non, c’est une fille jeune et folle qu’une sorcière a ensorcelée, etc.

Il y a un autre fleuve qui apparaît quelquefois dans ses poèmes révolutionnaires quand il est à Saint-Pétersbourg et fait partie de la Confrérie révolutionnaire Saints-Cyrille-et-Méthode, la Néva (1860. Saint-Pétersbourg) :
C’est la nuit, le verglas, il bruine,
Il neige, il fait froid. La Néva
Passe en silence sous le pont,
Porte un fin glaçon quelque part.
Moi, dans la nuit, je vais aussi,
Je marche et je tousse en marchant
Et je vois : comme des agneaux
Vont des fillettes négligées ;
Derrière elles, courbé, boitant,
Marche un vieillard et l’on dirait
Qu’il conduit à la bergerie
Un bétail qui n’est pas à lui.

Par certains côtés Chevtchenko me fait penser à ce poète turc que j’ai découvert il n’y a pas si longtemps, Nâzim Hikmet. Comme lui il a passé une bonne partie de sa vie en prison, a beaucoup écrit aussi en prison, rêvé d’une autre vie, de la vie du dehors, s’est battu contre la dictature. Comme lui il a aussi composé des poèmes épiques, reprenant d’anciens thèmes populaires, des récits historiques, des légendes et des contes. A ses yeux, dit Guillevic, l’épopée est destinée au peuple, au peuple ukrainien, « pour son action libératrice ». La plupart de ces poèmes sont trop longs pour être repris ici. On ne peut qu’en citer quelques-uns.
Comme le poème épique Gamalia (1842. Stockholm) qui raconte l’exploit des Cosaques Zaporogues qui sont allés délivrer des captifs de l’esclavage turc à Byzance. Là il faut faire un peu d’histoire. Les Cosaques étaient d’anciens serfs échappés qui s’étaient établis en Ukraine, dans la région de Zaporojia justement, que nous connaissons bien maintenant, et qui a donné leur nom aux Cosaques d’Ukraine, eux qui se sont battus au cours des siècles, à tour de rôle, contre les Polonais et les Lituaniens de la République des deux nations (dont ils étaient issus), mais aussi contre le Tsar de Russie et contre le khan tatare de Crimée. Dans ce poème les Zaporogues sont prisonniers des janissaires sur la côte asiatique de Byzance. Ils pleurent et Le Bosphore se mit à trembler car jamais/il n’avait entendu les Cosaques pleurer./Il gémit, le puissant, et comme un taureau gris/il frissonna très fort et tout en mugissant/il repoussa la vague au loin dans la mer bleue./Et la mer répéta les clameurs du Bosphore/puis elle les chassa vers le golfe du Dniepr. Alors le Dniepr, notre aïeul vigoureux, se réveille à son tour et les Cosaques sortent leurs chaloupes. Et naviguent en chantant. Alors que : Byzance dort dans son harem, son paradis. Et le Bosphore ne la réveille pas, car la mer bleue le calme (car elle aimait les vaillants Slaves à moustaches). Après cela c’est le carnage, c’est le feu, c’est la victoire. Ils rentrent en chantant. Pour leur chef, Gamalia :
Ô Gamalia, le vent souffle.
Voici… Voici… La mer, la nôtre
Et les vagues les ont cachés
Comme des montagnes vivantes.
Leur mer bleue, c’est la Mer noire, c’est la mer que le nouveau tsar des Russes, Poutine, veut interdire aux Ukrainiens d’aujourd’hui…

Il y a un autre poème qui a des accents épiques c’est le poème Caucase (1845. Pereïaslav) que Chevtchenko a écrit en hommage à son ami, Jacob de Balmain, peintre et officier de l’armée russe, mort dans le Caucase en combattant des montagnards insoumis, les Tcherkesses. Je sais bien, dit-il, que ce n’est pas pour l’Ukraine/mais c’est pour son bourreau que tu répands ton sang./tu as dû boire le calice moscovite/le poison moscovite… Le poème est une satire mordante de ce tsar stupide, Nicolas 1er, et de sa tyrannie. Et c’est dans ce poème que l’on trouve ces vers sur l’âme qui ne peut mourir que l’éditeur a placés sur la 4ème page de couverture du recueil. On commence à évoquer le souvenir de Prométhée :
Depuis les temps immémoriaux
Un aigle y châtie Prométhée,
Chaque jour lui frappe les côtes,
Chaque jour lui brise le cœur.
Il le brise mais ne peut boire
Le sang vivant – le cœur revit
Et de nouveau se met à rire.
Puis viennent ces vers si fiers :
Notre âme ne peut mourir,
La liberté ne meurt jamais,
Même l’insatiable ne peut
Pas labourer le fond des mers,
Pas enchaîner l’âme vivante,
Non plus la parole vivante
Ces vers, dit l’éditeur, auraient pu être écrits de nos jours. Datés de 1845, ils ont survécu à leur créateur, immense peintre et poète ukrainien qui a payé de sa vie son combat inlassable pour sa liberté et la dignité de son peuple. Héros national, symbole de résistance en 2014 lors de la révolution de Maïdan ou aujourd’hui face aux chars de Vladimir Poutine, Chevtchenko est pourtant méconnu du public français…

Pour continuer la comparaison avec Hikmet, Chevtchenko a-t-il également écrit des poèmes lyriques ? Oui, certainement, mais ils ne sont pas nombreux dans cette sélection qui avait été faite en 1964 par deux écrivains russes sous l’égide du Parti communiste d’alors. Et que c’est surtout son opposition au pouvoir tsariste qu’il fallait montrer. Le lyrisme est pourtant souvent présent. Comme lorsqu’il décrit une jeune fille solitaire et sans amour qui pleure sur son lit dans Les Nuits d’une jeune fille (1844. Saint-Pétersbourg) :
La natte épaisse est défaite,
Descend jusqu’à la ceinture,
Les seins découverts ressemblent
Aux flots de la grande mer,
Les yeux bruns brillent pareils
Aux étoiles dans la nuit.
Les bras blancs se sont tendus
Pour entourer une taille
Et les voilà qui s’enfoncent
Dans l’oreiller pâle et froid,
Restent figés, immobiles,
Et ce n’est qu’avec des pleurs
Que la fille les écarte.

Mais le lyrisme de Chevchenko est avant tout dans sa passion pour son Ukraine qui est omniprésente dans toute son œuvre. A tout moment il rêve à son retour. C’était déjà le cas dans ce poème de 1839 intitulé Mes pensées, mes pensées où il compare ses pensées à ses enfants :
Mes pensées, mes pensées,
Ô mes fleurs, mes enfants,
Que ferais-je de vous
De qui j’ai tant pris soin ?
Allez donc en Ukraine,
Enfants, dans notre Ukraine.
Ma mère, mon Ukraine,
Accueille-les chez toi
Mes candides enfants
Comme ton propre enfant
Et c’est au milieu du mois de février 1861 (les 14 et 15) qu’il écrit encore ce poème sans titre dans lequel il rêve d’un retour au paradis, au-dessus du grand Dniepr, avec sa belle en son jardinet et sa chaumière :
Je vais faire une chaumière
Et planter un jardinet
Tout autour de la chaumière ;
Dans la fraîcheur tu viendras,
Ma belle, tu t’assoiras.
Nous nous souviendrons du Dniepr,
De l’Ukraine, des villages
Tout joyeux parmi les bois
Et des tombes dans les steppes.
Et de joie tout pénétrés
Ensemble nous chanterons.
Et même pas un mois plus tard, le 10 mars 1861, Chevtchenko est mort, à Saint-Pétersbourg. Sa dépouille a été rapatriée en Ukraine. Mais son tombeau est resté surveillé par des polices armées. Et son œuvre a été mise à l’index par le pouvoir tsariste. Le pouvoir tsariste de l’époque…

Post-scriptum : Le Tarass Boulba de l'Ukrainien Gogol était un Cosaque Zaporogue. Ce sont les Cosaques Zaporogues qui ont écrit cette formidable lettre d'insultes au Sultan turc qui voulait les soumettre, ce qui devenu le sujet d'un tableau célèbre conservé dans un Musée de Saint-Pétersbourg, et que le Franco-Polonais Apollinaire a repris dans un de ses poèmes (Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople) publié dans Alcools...