Le Bloc-notes
de Jean-Claude Trutt

Religion totale

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(à propos du livre de Jan Assmann : Totale Religion, Picus Verlag, Vienne, 2017)

J’ai déjà beaucoup écrit sur la naissance du monothéisme et sur l’histoire du peuple hébreux, étudié les dernières découvertes (les archéologues Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, l’épigraphologue André Lemaire et l’égyptologue Jan Assmann). Voir au tome 1er de mon Voyage autour de ma Bibliothèque : religion et identité juive et naissance du monothéisme – le point. Jan Assmann n’est pas seulement égyptologue mais aussi sociologue et un grand spécialiste, comme d’ailleurs son épouse Aleida Assmann, de la mémoire culturelle collective. J’ai déjà lu plusieurs de ses autres livres, voir Jan Assmann : Das kulturelle Gedächtnis – Schrift, Erinnerung und politische Identität in früheren Hochkulturen, édit. C. H. Beck, Munich, 1992, Jan Assmann : Moïse l’Egyptien, édit. Aubier, Paris, 2001 et Jan Assmann : Le Prix du Monothéisme, édit. Aubier, Paris, 2007.
Je me suis aussi pas mal intéressé à d’autres expériences monothéistes, celle de Zoroastre et celle d’Akhénaton (pour Zoroastre, voir mon Voyage, tome 2 : Religions persanes et pour Akhénaton, voir tome 1 : Religion et identité juives). Et puis j’ai beaucoup communiqué avec un spécialiste de la violence monothéiste, le polytechnicien Jean-Pierre Castel, et lu le livre d’un autre spécialiste de cette question : Jean Soler : La violence monothéiste, Editions de Fallois, 2008. Alors quand le livre de Jan Assmann intitulée Religion totale a paru je l’ai aussitôt acheté. Parce que certains intégrismes religieux, surtout musulmans, ressemblent effectivement à des totalitarismes. Et l’islamisme extrémiste n’a pas fini de causer de sérieux problèmes à nos démocraties (et pas seulement aux démocraties). Et puis, ayant d’autres préoccupations plus urgentes je l’ai mis de côté et viens seulement de le reprendre.

Le Dieu jaloux – le Monothéisme de la Fidélité
Dans mes premières discussions avec Jean-Pierre Castel j’avais été un peu interloqué par le fait qu’il avait l’air de tout expliquer par le « Dieu jaloux » de la Bible. Alors qu’il me semblait que la violence entre groupes humains était de toute façon inhérente, malheureusement, à la nature humaine et que, les religions faisant appel à des concepts particulièrement sacrés, cette violence était logiquement exacerbée quand les différences entre groupes étaient de nature religieuse. Et puis, me suis-je dit, pourquoi les musulmans se souviendraient-ils particulièrement de textes bibliques. Mais, très rapidement, je me suis rendu compte que le problème était nettement plus complexe que je me l’imaginais.
En commençant à lire le livre d’Assmann on rencontre assez vite cette notion de Dieu jaloux qu’il appelle le Monothéisme de la Fidélité. C’est l’expression de la théologie de l’Alliance, dit Assmann, qui apparaît d’abord chez le Prophète Hosea et puis dans le Deutéronome et toute la tradition deutéronomiste. Le Dieu du premier commandement, Tu n’auras pas d’autres dieux à côté de moi, est celui qui a libéré le peuple élu de la servitude égyptienne. Et qui, pour cette raison, demande qu’il lui soit fidèle. C’est un monothéisme émotionnel, dit-il encore. Ce qui est intéressant avec Assmann, c’est qu’il cite les textes. Et on est tout de suite frappé par l’extrême violence de ces textes.

Les textes fondateurs
Deux ensembles de textes sont les textes fondateurs, dit Assmann. Il s’agit d’abord de ceux qui relatent l’incident du Veau d’Or. Comme il les cite en allemand je reprends les équivalents en français de mon exemplaire de la Bible de la Pléiade.
Exode XXXII, 26-28 : « Alors Moïse se tint debout, à la porte du camp, et il dit : A moi, quiconque est pour Iahvé ! et vers lui se rassemblèrent tous les fils de Lévi. Il leur dit : Ainsi a parlé Iahvé, le Dieu d’Israël : Mettez chacun l’épée à la hanche ! Passez et repassez de porte en porte dans le camp, tuez qui son frère, qui son compagnon, qui son proche ! Les fils de Lévi agirent selon la parole de Moïse et il tomba du peuple, en ce jour, environ trois mille hommes. »
Ce qui compte ici, dit Assmann, ce sont les mots : ton frère, ton compagnon, ton proche. L’Alliance avec Dieu passe au-dessus de tous les liens humains. On trouve les mêmes termes dans le Deutéronome :
Deutéronome XIII, 7-12 : « Si ton frère… ou ton ami qui est un autre toi-même, voulaient te séduire en cachette, en disant : Allons et servons d’autres dieux !... tu n’acquiesceras pas et tu ne l’écouteras pas, ton œil ne s’apitoiera pas sur lui… et tu ne l’excuseras pas ; mais tu devras le tuer, ta main sera d’abord contre lui, pour le mettre à mort, et ensuite la main de tout le peuple, tu le lapideras avec des pierres et il mourra, parce qu’il a cherché à t’écarter de Iahvé, ton Dieu, qui t’a fait sortir d’Egypte, de la maison d’esclaves. Et tous les Israélites entendront et craindront, ils ne recommenceront pas à faire pareille chose mauvaise dans ton sein ».
Aujourd’hui on sait que ces formulations proviennent des serments de fidélité assyriens. Le spécialiste catholique de l’Ancien Testament, Othmar Keel, cité par Assmann, écrit : « La recherche récente a montré de manière de plus en plus évidente que ce texte « inquiétant » reproduit, en partie presque mot-à-mot, des textes assyriens, pas religieux, mais politiques ». Inquiétant est le mot !

L’autre texte fondamental du Monothéisme de la fidélité est celui du Dieu jaloux à la fin de la pérégrination de 40 ans dans le désert lorsqu’on rencontre les Moabites.
Nombres XXV, 1-13 : « Israël habita aux Shittim (les Shittim est le nom d'un lieu situé en Transjordanie, à l'est du Jourdain, face à Jéricho) et le peuple commença à forniquer avec les filles de Moab. Elles invitèrent le peuple aux sacrifices à leurs dieux, le peuple mangea et il se prosterna devant leurs dieux. Israël s’attacha à Baal-Peor et la colère de Iahvé s’enflamma contre Israël. Alors Iahvé dit à Moïse : Prends tous les chefs du peuple et fais pendre ceux-là devant Iahvé, face au soleil, pour que l’ardeur de la colère de Iahvé se détourne d’Israël ! Moïse dit aux juges d’Israël : Tuez chacun de ceux de vos hommes qui se sont attachés à Baal-Péor. Et voici qu’un homme d’entre les fils d’Israël vint et fit approcher de ses frères la Madianite, aux yeux de Moïse et aux yeux de toute la communauté des fils d’Israël, alors que ceux-ci pleuraient à l’entrée de la Tente du rendez-vous. Ce que voyant, Pinekhas, fils d’Eléazar, fils du prêtre Aaron, se leva du milieu de la communauté, prit une lance dans sa main, entra dans l’alcôve et les transperça tous deux, l’homme d’Israël et la femme, par le bas-ventre (donc pendant leur étreinte) : le fléau cessa de peser sur les fils d’Israël. Or ceux qui étaient morts par suite du fléau étaient au nombre de vingt-quatre mille. Et Iahvé parla à Moïse, en disant : Pinekhas, fils d’Eléazar, fils du prêtre Aaron, a détourné ma fureur des fils d’Israël, en se montrant jaloux pour moi au milieu d’eux, et je n’ai pas exterminé les fils d’Israël malgré ma jalousie. C’est pourquoi parle ainsi : Voici que moi je lui accorde mon alliance de paix, et elle sera pour lui et sa race après lui une alliance de prêtrise éternelle, parce qu’il s’est montré jaloux pour son Dieu et a fait propitiation (obtenu le pardon) sur les fils d’Israël ».
En allemand le mot eifern, se montrer zélé, et Eifersucht, jalousie ont la même racine, ce qui est le cas également de l’hébreu : racine qn’, mais ce qui n’est pas le cas en français. Le traducteur de la Pléiade a résolu le problème en remplaçant se montrer zélé par se montrer jaloux pour.
D’autres textes sont encore plus terribles. Le plus terrible est le long chapitre XXVIII du Deutéronome : « Maudit tu seras… maudit sera le fruit de ton ventre, le fruit de ton sol, la partition de tes vaches et les portées de tes brebis… Iahvé enverra contre toi la malédiction, la déroute, la menace… jusqu’à ce que tu sois exterminé… Iahvé te collera la peste… te frappera de consomption, de fièvre, de brûlure, de sécheresse… Iahvé te frappera de bouton d’Egypte, de bubons, de gale… de démence, d’aveuglement, de stupidité… Tu te fianceras avec une femme et un autre homme couchera avec elle, tu bâtiras une maison et tu n’y habiteras pas, tu planteras une vigne et tu n’en profiteras pas… Iahvé lèvera contre toi une nation venue de loin… une nation dont tu ne comprendras pas la langue, une nation au visage dur qui n’aura pas d’égards pour le vieillard ni de pitié pour l’adolescent… Iahvé prendra plaisir à vous faire périr et à vous exterminer… Iahvé vous dispersera parmi tous les peuples… Parmi ces nations tu n’auras pas de tranquillité et il n’y aura pas d’endroit où reposer la plante de tes pieds. Là-bas Iahvé te donnera un cœur tremblant, avec langueur des yeux et anxiété de l’âme… ».
Assmann cite aussi la menace faite par Dieu à Salomon dans le premier Livre des Rois au chapitre IX, 6-7 : « Que si vous et vos fils vous vous détournerez de moi et n’observez pas mes commandements et mes préceptes, que je vous ai proposés, si vous allez servir d’autres dieux et vous prosterner devant eux, alors je retrancherai Israël de la surface du sol que je leur ai donné, je rejetterai loin de moi cette Maison que je leur ai consacrée à mon Nom et Israël deviendra un objet de satire et de sarcasme parmi les peuples ».
Toutes ces formules de menace sont encore une fois d’origine assyrienne et faisaient partie du répertoire traditionnel des accords politiques de l’époque entre l’Assyrie et ses vassaux. Le droit est basé sur la force. Mais pourquoi le reprendre dans l’accord entre Dieu et son peuple, la fameuse Alliance ? Pourquoi reprendre ces expressions de la violence politique dans la sémantique culturelle d’Israël ? Othmar Keel l’explique en rappelant qu’à la fin du 7ème siècle avant J.C. l’Empire assyrien est en train de s’écrouler. Alors les théologiens judaïques ont l’idée plutôt originale, dit-il, de remplir le vide du pouvoir ainsi créé en transférant les exigences du Grand-Roi à Dieu. Alors Israël sera indépendant, intérieurement, de tous les despotes à venir, mais en même temps le Dieu d’Israël prend toutes les caractéristiques d’un despote particulièrement sévère. Mais attention, dit-il encore, dans toutes ces formules on suppose l’existence d’autres dieux, on n’est pas encore dans un monothéisme absolu. Or quand il n’y a plus qu’un seul Dieu, celui-ci ne peut être jaloux !
Oui, dit Assmann, mais il n’empêche : le Deutéronome fait partie des textes centraux de base de la culture juive mais aussi de la culture chrétienne. Et cette sémantique révolutionnaire, radicale-puritaine est à la base de notre tradition, de notre monde spirituel. Ailleurs il dit que le Monothéisme de la Fidélité est émotionnel et qu’il influence fortement l’autre Monothéisme, celui d’un Dieu universel et qu’il appelle le Monothéisme de la Vérité.

Violence envers les autres peuples
La violence divine ne s’exerce pas seulement envers le peuple de l’Alliance. Si les peuples éloignés n’ont rien à craindre, par contre ceux qui résident dans la Terre promise constituent un danger car ils risquent de pervertir le peuple d’Israël. Amorrhéens, Hittites, Perizziens, Cananéens, Hévéens, Jébuséens doivent être éliminés. Voici ce que dit Exode :
Exode XXXIV, 12-16 : « Garde-toi de conclure une alliance avec l’habitant du pays dans lequel tu entreras, de peur qu’il ne devienne un piège au milieu de toi. Mais vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs stèles et vous couperez ses Ashérah. Car tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu. C’est que Iahvé a pour nom : Jaloux : c’est un Dieu jaloux ! Ne conclus donc pas d’alliance avec l’habitant du pays : ils se prostituent derrière leurs dieux et sacrifient à leurs dieux ! Il t’inviterait et tu mangerais de son sacrifice, tu prendrais de ses filles pour tes fils, ses filles se prostitueraient derrière leurs dieux et feraient se prostituer tes fils derrière leurs dieux ».
Exode XXIII, 31-33 : « Je fixerai ta limite depuis la Mer de Jonc (la Mer rouge) jusqu’à la Mer des Philistins (la Méditerranée) et depuis le Désert jusqu’au Fleuve (l'Euphrate), car je livrerai en ta main les habitants du pays et je les chasserai de devant toi. Tu ne concluras pas d’alliance avec eux ni avec leurs dieux, ils n’habiteront plus dans ton pays de peur qu’ils ne te fassent pécher contre moi, quand tu servirais leurs dieux, et ce serait un piège pour toi ».
(Soit dit entre parenthèses, quand on pense à tous ces ultra-orthodoxes de l’Israël d’aujourd’hui qui lisent la Thora tous les jours du matin jusqu’au soir on comprend qu’après avoir lu ces phrases ils sont vent debout contre tout accord avec les Palestiniens et contre leur présence en Terre sainte !)
Le Deutéronome dit la même chose à propos de la nécessité de détruire leurs autels au chapitre VII, 1-6 et au chapitre XII, 2-3. Mais lorsqu’on est en guerre le langage est beaucoup plus violent. Quand il s’agit d’une ville éloignée de la Terre promise, la population est mise en servage quand elle se rend pacifiquement, et si elle est vaincue militairement, seuls les hommes sont exécutés, les femmes, les enfants et les animaux sont prise de guerre (Deutéronome XX, 10-14). Mais quand les villes sont en Terre promise tout change. Voir Deutéronome XX, 16-18 : « Mais des villes de ces peuples que Iahvé, ton Dieu, te donne en héritage, tu ne laisseras vivre aucun être animé, car tu dois les vouer à l’anathème : le Hittite, l’Amorrhéen, le Cananéen, le Perizzien, le Hévéen, le Jébuséen, selon ce que t’a commandé Iahvé, ton Dieu, afin qu’ils ne vous apprennent pas à imiter les abominations qu’ils font pour leurs dieux, ce en quoi vous pécheriez contre Iahvé, votre Dieu ».
Vouer à l’anathème, dans le langage de la Torah (mais aussi dans les inscriptions d’autres peuples de la région à l’époque), veut dire : ne rien laisser en vie, renoncer à tout butin, tout brûler sur la place du marché, puis rendre le lieu inhospitalier pour toujours. Assmann estime qu’on a tort d’appeler ce monothéisme de la Fidélité une monolâtrie. Pour lui il est aussi révolutionnaire et unique que la théologie de l’Alliance divine. En fait les deux sont liés. Même si l’un a précédé l’autre. Les prémices se trouvent chez les prophètes Amos et Hosah et correspondent à l’époque de la destruction du Royaume du Nord par les Assyriens en 722 avant J.C., explique Assmann. Mais l’établissement définitif de la théologie de l’Alliance et sa codification dans les textes du Deutéronome sont plus tardifs : environ 150 plus tard lorsque c’est au tour du Royaume du Sud (Juda) de subir le même sort (début du 6ème siècle). Il s’agit donc là d’une conception, dit Assmann, le spécialiste de la mémoire collective, qui est née dans une situation catastrophique et traumatisante. Peut-être tellement traumatisante – c’est moi qui l’ajoute – qu’elle a continué à subsister alors même que le monothéisme a évolué. Devenant universel, celui d’un Dieu unique, celui qu’Assmann appelle Monothéisme de la Vérité.

Violence du monothéisme universel, le Monothéisme de la Vérité
Or ce monothéisme-là, dit Assmann, parle un autre langage. Celui de la satire, de la moquerie. Et son principal sujet d’attaque, c’est la représentation des autres dieux par des idoles, des images. Iahvé n’est plus le Dieu qui a libéré le peuple d’Egypte, mais celui qui a créé le ciel et la terre. Voir le Livre d’Isaïe, XLV.
Isaïe, XLV, 6-7 : « Afin que l’on sache, au soleil levant et à l’occident, qu’il n’y a personne hormis moi. Je suis Iahvé et il n’y en a pas d’autre. Je forme la lumière et je crée les ténèbres, je réalise la paix et je crée le malheur : moi, Iahvé, je réalise tout cela ».
Et Isaïe, XLV, 18 : « Car ainsi a dit Iahvé, le créateur du ciel, c’est lui qui est Dieu, celui qui a formé et fait la terre ; c’est lui qui l’a fondée. Il ne l’a pas créée vide, il l’a formée pour qu’on l’habite : Je suis Iahvé et il n’y en a pas d’autre ».
Mais si Isaïe se moque de l’absurdité de la représentation iconique des autres dieux, en bois par exemple (Isaïe XLIV, 12 – 19), Jérémie, après s’en être moqué lui aussi, montre aussi la colère de Dieu :
Jérémie, X, 3-10 : « Quant aux rites des peuples, c’est un néant : on a coupé un arbre dans la forêt, travail des mains de l’artisan, avec la cognée… Ils sont comme un épouvantail dans un champ de concombres… Mais Iahvé est un Dieu véritable, il est le Dieu vivant et le roi éternel, par son courroux tremble la terre et les nations ne peuvent soutenir sa colère ».
D’autres textes décrivent longuement ces idoles, la façon dont elles sont fabriquées par l’homme et la bêtise de les prendre pour des dieux. Il en est en particulier ainsi dans un texte de Baruch, le long chapitre VI qui dans la Pléiade est intitulé Lettre de Jérémie. Car Baruch est considéré comme ayant été le scribe de Jérémie et ce 6ème chapitre serait la lettre que Jérémie aurait écrite aux captifs de Babylone pour les avertir que l’exil durera 70 ans. En réalité il s’agit d’un texte postérieur de 4 à 5 siècles au Prophète. Je ne vais pas le citer mais m’arrêter un instant à la fausse idée qui est à la base du fameux iconoclasme dont nous avons vu les effets tout récemment encore à Palmyre et, avant cela, à Baniyan : les auteurs des textes bibliques font semblant de croire que les païens prennent les idoles pour des dieux et qu’ils ne sont pas capables de faire la différence entre la matière et l’esprit, ce qui est évidemment faux. Et eux-mêmes font la même erreur en faisant croire qu’en brisant les idoles on se débarrasse en même temps des faux dieux. L’iconoclasme devient théoclasme, destruction des dieux. Et puis c’est la violence qui revient. Avec un texte du livre apocryphe de la Sagesse de Salomon :
La Sagesse de Salomon, XIV, 8-12 : « Mais l’idole faite à la main est maudite, elle et celui qui l’a faite, parce qu’il y a travaillé et qu’elle, étant corruptible, a été appelée dieu, car, également haïssables pour Dieu sont l’impie et son impiété, et ce qui a été fabriqué sera châtié avec celui qui l’a fait. C’est pourquoi il y aura une visite (au sens de châtiment) aussi pour les idoles des nations, parce que, parmi les créatures de Dieu, elles sont devenues une abomination, un scandale pour les âmes des hommes et un piège pour les pieds des insensés. L’idée de faire des idoles a été le commencement de la fornication et leur invention, la corruption de la vie. ».
Et puis La Sagesse de Salomon, XIV, 23-27, va encore plus loin : « Car, célébrant des initiations avec meurtres d’enfants, des mystères occultes ou de folles orgies aux rites extravagants, ils ne gardent désormais purs ni leurs vies ni leurs mariages, mais ils se suppriment l’un l’autre traîtreusement ou se font souffrir en commettant l’adultère ; partout ce sont pêle-mêle le sang et le meurtre, le vol et la ruse, la corruption, la perfidie, le trouble, le parjure, la réprobation du bien, l’oubli des bienfaits, la souillure des âmes, la perversion sexuelle, les mariages irréguliers, l’adultère et la débauche, car le culte des idoles innommables est le principe, la cause et le terme de tous les maux. »
Pourquoi une telle diffamation de l’autre, une si énorme calomnie, se demande Assmann. On voit que la différence entre le langage de la satire et celui de la violence n’est pas si grande. L’autre n’a pas une autre religion, il n’a pas de religion. D’ailleurs il n’y a plus de Cananéens à l’époque de ces textes. On est à l’époque hellénistique. L’autre c’est le Grec, le Romain et les Hébreux convertis à la modernité. L’iconoclasme est l’exemple parfait qui montre toute la différence qui existe entre le monothéisme et les autres religions. Car il est bien sûr repris, avec ferveur et fanatisme, par les premiers Chrétiens.

Monothéisme de la Fidélité et Monothéisme de la Vérité. Progrès ?
On a tendance, dit encore Assmann, à considérer le passage du Monothéisme de la Fidélité au Monothéisme de la Vérité comme un progrès. Ce qu’il semble être sur le plan intellectuel (pour moi du moins). Mais c’est faux, dit-il. Car l’idée d’un Dieu universel qui a germé dans l’exil et qui a peut-être été repris des Babyloniens ou plutôt des Perses (comme bien d’autres mythes, la genèse, le déluge, le conflit entre agriculteur et berger, la tour de Babel, etc.) n’a jamais vraiment remplacé l’idée fondamentale des religions bibliques, celle de l’Alliance et du Monothéisme de la Fidélité, dit Assmann. Cette idée qui est à la base du judaïsme rabbinique comme du christianisme, surtout protestant, ainsi que de certains courants de l’islam, dit-il encore.
Le dilettante que je suis trouve que l’alliance entre un dieu et un homme ou un groupe d’hommes comme une cité n’est pas quelque chose d’entièrement nouveau. Il suffit de relire Homère pour voir que ces relations spéciales existaient déjà dans l’Antiquité, que les dieux pouvaient se fâcher d’un manque de sacrifice ou de sacrifices insuffisants. Ils pouvaient même exiger des sacrifices humains comme celui d’Iphigénie et j’ai déjà dit que j’y voyais un parallèle avec celui d’Isaac (voir ce que j'en dis dans Bloc-notes 2021: Des tours d'Ulysse aux anneaux de Saturne). Mais dans le cas de la Bible l’alliance est avec tout un peuple et la violence est là dès l’origine. Probablement due, comme l’explique Assmann, aux circonstances historiques exceptionnelles, « catastrophiques » et « traumatisantes ».
De toute façon quelle est vraiment la différence (intellectuellement parlant) entre le Monothéisme de la Fidélité et celui de la Vérité ? Dans le premier cas les autres dieux sont vrais et dans le deuxième cas ils sont faux. Mais la Vérité, quand il s’agit de la vérité divine, devient un concept élevé, emphatique qui n’accepte aucun compromis avec le faux (c’est ce que j’avais confusément ressenti lors de mes échanges avec le spécialiste de la violence du monothéisme qu'est Jean-Pierre Castel). Cela aussi c’est nouveau. Il ne peut y avoir aucune corrélation ou transposition interreligieuse (comme c’était le cas des religions de l’Antiquité gréco-romaine). Et la devise : pas d’autres dieux, reste valable quand, à la place de ces dieux, on met le diable, le matérialisme, la sexualité, et d’autres tentations de ce monde comme celles du pouvoir ou de la richesse. Le monothéisme exclusif, dit Assmann, a besoin d’une sémantique de la rupture, de la délimitation, de la conversion aussi. Et c’est dans cette obligation de choix, de mémoire, de peur de retour ou d’oubli que s’enracinent les motifs de la violence qui sont enfouis profondément dans la sémantique culturelle des religions monothéistes.
Et puis plus loin Assman revient au problème. Est-ce que la vérité, pour s’imposer, a vraiment besoin de la violence ? Et, en pensant probablement à notre société actuelle, il ajoute : les simples fidèles, non, ce sont les fondamentalistes qui ont besoin de la violence pour prendre le pouvoir !

Le livre de Jan Assmann est très riche et il y aurait encore beaucoup à dire. Même s’il se répète quelquefois. Voici quelques idées qui m’ont paru intéressantes :

Violence de la résistance
La violence n’était pas seulement dans l’imposition de la nouvelle religion, elle était aussi dans la résistance à la fameuse alliance. Assmann cite 14 textes issus de l’Exode et des Nombres qui décrivent ce qu’il appelle en allemand le « Murren », la « grogne » du peuple hébreu. Il évoque également les théories sur le possible meurtre de Moïse déjà envisagé par Goethe dans son West-östlicher Divan et par Freud dans son Mann Moses. Voir Goethe : West-Östlicher Divan, Tome 2 : Noten und Abhandlungen : Israel in der Wüste, Akademie-Verlag, Berlin, 1952. Goethe voit dans ce que raconte l’Exode les prémices de ce qui constitue, d’après lui, le thème principal, unique et essentiel de l’histoire du Monde et de l’Humanité : le conflit entre la Foi et l’Incroyance, un thème qui est commun à l’Occident et à l’Orient (du moins le Proche et Moyen-Orient) et qui trouve donc sa place dans son Divan. Quant aux théories de Freud qui sont rassemblées dans : Sigmund Freud : Der Mann Moses und die monotheistische Religion, édit. Fischer, Francfort, 1997, j’en ai déjà longuement parlé dans mon Voyage, Tome 1 : Religion et identité juives. Freud avait repris la thèse du meurtre de Moïse d’un certain Sellin qui s’était basé sur les écrits du Prophète Osée (Ernst Sellin : Moses und seine Bedeutung für die israelitisch-jüdische Religionsgeschichte qui date de 1922). J’ai lu tout Osée et n’ai rien trouvé. Normal, dit Assmann. Tous ces chercheurs croient que les textes qui semblent embellir certains actes cachent quelque crime…

Parallèle entre polarisation politique et polarisation religieuse – Carl Schmitt
Plus curieux : Assmann se réfère aux théories de Carl Schmitt, le juriste qui, si mes souvenirs sont exacts, avait dit que le droit c’est maintenant la volonté du Führer (beau juriste ! Plus nazi, tu meurs !), pour comparer polarisation politique et polarisation religieuse. Schmitt définissait le politique par la différenciation ami-ennemi. D’après lui les hommes se regroupent selon un critère ami/ennemi. Ce qui reste caché en temps ordinaire. On peut communiquer et coopérer. Mais quand arrive la guerre, « situation exceptionnelle », la véritable nature du principe de dissociation apparaît. Il y a polarisation, surenchère, violence physique. Et totalisation. Car toutes les autres différenciations culturelles, religieuses, économiques disparaissent. Voilà pour Carl Schmitt. Alors Assmann se demande comment ce raisonnement peut s’appliquer au domaine religieux, au monothéisme. Et quelle est la situation exceptionnelle ? La colère divine, dit Assmann. Et il revient à la scène du Veau d’Or. Lorsque Iahvé décide d’exterminer tout son peuple et que Moïse évite la colère de Dieu par un bain de sang. Dans cette scène et dans toutes celles citées plus haut on est placé dans un cadre politique, dit Assmann : il y a rupture d’un contrat, celui de l’Alliance avec Yahvé, et il y a intervention d’une violence humaine, qui défend Dieu en identifiant les auteurs de la rupture avec ses ennemis et en les éliminant. Ces actes sont des actes motivés par la religion mais c’est une religion totale qui prétend contrôler tous les domaines de la vie et donc le domaine politique. Voyez dans le Deutéronome, dit encore Assmann, comme on fait la différence explicite entre ami et ennemi :
Deutéronome, V, 9-10 : « …Car moi, Iahvé, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, punissant la faute des pères sur les fils, sur la troisième et sur la quatrième génération, pour ceux qui me haïssent, et faisant grâce jusqu’à la millième pour ceux qui m’aiment et qui observent mes commandements ».

Religion totale
Cette religion est bien une religion totale, dit encore Assmann. Car tous les domaines de la vie et toutes les sphères culturelles lui sont subordonnés. Régulés par la Loi, base de l’Alliance. Le droit et l’économie le sont par des lois spécifiques, le culte par des lois rituelles, l’art par l’interdiction de l’image et la politique, la royauté, lui est également clairement subordonnée. Quand le peuple aura conquis la Terre promise et se sera choisi un Roi (comme les autres peuples, un mal nécessaire, semblent penser les auteurs de la Torah), celui-ci sera soumis aux obligations indiquées au chapitre XVII du Deutéronome :
Deutéronome, XVII, 18-20 : « Or, quand il sera assis sur le trône de sa royauté, il écrira pour lui un double de cette Loi sur un livre d’après les prêtres, les Lévites. Elle sera avec lui et il lira en elle, tous les jours de sa vie, afin qu’il apprenne à craindre Iahvé, ton Dieu, à observer toutes les paroles de cette Loi, ainsi que les préceptes, pour les pratiquer, pour que son cœur ne s’élève pas au-dessus de ses frères et pour qu’il ne dévie du commandement ni à droite, ni à gauche, afin qu’il prolonge les jours de son règne, lui et ses fils, au milieu d’Israël ».
Le danger d’un langage de la violence c’est que les paroles deviennent facilement des actes, dit aussi Assmann. Or, dit-il encore, c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que l’on associe révélation et écrit. Au temps des Perses et de l’hellénisme, le véritable canon des Ecritures provoque des attitudes que l’on nommerait selon la terminologie actuelle des attitudes fondamentalistes. Et Assmann se réfère à certains textes des Livres historiques de Néhémie et Esdras qui demandent que les mariages entre Hébreux et Cananéens soient dissouts et les enfants qui en sont issus expulsés de la communauté. Il s’agit là d’évènements historiques, pense Assmann, survenus après le retour des exilés de Babylone.

Violence envers soi-même
Et puis il y a la violence qu’on s’assène à soi-même pour respecter Dieu et l’Alliance. Le martyre. On en vient aux Maccabées.
C’est entre 750 et 150 avant J.-C., dit Assmann, qu’une véritable dissociation se crée entre ceux qui suivent la Loi et ceux qui ne la suivent pas. Un peu dans le sens des théories de Carl Schmitt. La religion n’est plus culte, conception du monde, même pas foi. Mais une forme de vie. L’historien juif Josèphe Flavius parle de deux formes de vie, la juive et la commune. La commune est celle des Juifs qui acceptent la façon de vivre des Grecs et des Romains. Ils deviennent des ennemis. C’est pour la première fois qu’on parle de païens, d’hérétiques, d’apostasie. Vient le temps des zélotes. C’est la première fois qu’on va faire la guerre contre ses propres apostats. C’est le thème du 1er Livre des Maccabées.
Le martyre apparaît dans le 2ème Livre des Maccabées. Au chapitre VII on raconte l’histoire de Hannah et de ses sept fils. Histoire bien connue. Et on sait tout le succès qu’aura l’idée du martyre (mourir pour Dieu ou plutôt pour la Loi) chez les Chrétiens et les Islamistes d’aujourd’hui.
Personnellement j’avais été frappé par les révoltes ultérieures contre les autorités juives et romaines. Le nombre incroyable de morts que ces révoltes avaient provoqués. Dans ma note du 1er tome de mon Voyage, intitulée : Religion et identité juives, j’avais écrit ceci : « Quarante ans après la mort du Christ dont personne ne semble s’être aperçu, commencent des actions de guérilla et finalement une vraie guerre, la fameuse guerre des Juifs de l’historien Josèphe, seul historien à mentionner l’exécution d’un certain Jésus de Nazareth. C’est finalement en l’an 70, après une forte résistance, que Jérusalem est prise. Le Temple est incendié, la ville complètement détruite et la population exterminée. En 74 c’est la forteresse de Massada qui est prise: les assiégés se suicident. Enfin en 132 - 35 dernier soulèvement tout aussi absurde. Cette fois-ci on achève la destruction de la vieille ville de Jérusalem. On construit un sanctuaire romain à la place du Temple et... on interdit l’entrée de la ville, sous peine de mort, à tous les circoncis! La première guerre aurait coûté la vie à 600 000 hommes, le quart de la population juive de l’époque. La deuxième aurait fait 850 000 victimes (des chiffres qui me paraissent exagérés). Les juifs restants se dispersent dans tout l’Empire Romain. C’est la Diaspora. ». Pour moi ces soulèvements qui n’ont pas la moindre chance de réussir, étant donné les forces en présence, relèvent aussi, de cette conception du martyre !

Conclusions : j’en resterai là. Pour le moment. Qu’est-ce que Assmann m’a appris que je ne savais pas ? C’est surtout la violence de ces textes qu’il appelle fondateurs et que j’ai découverts avec lui. Ou redécouverts. Je ne les avais peut-être jamais lus. Ou du moins je n’y avais pas réfléchi.
A part cela je reste encore un peu sur ma faim. Pourquoi ? Parce qu’il me semble qu’il reste encore beaucoup à dire sur la suite, les conséquences sur les autres religions monothéistes qui sont sorties de la première. Car au cours des siècles qui ont suivi la Diaspora, la violence n’a plus jamais été juive. Elle a été d’abord chrétienne, puis musulmane. Alors on voudrait comprendre en quoi ce Monothéisme de la Fidélité inventée par les anciens Hébreux est responsable de cette violence-là. Assmann donne quelques indications, mais qui sont insuffisantes. Oui, bien sûr la religion chrétienne a été d’abord créée par des Juifs. Oui, l’Ancien Testament fait partie de l’enseignement chrétien. Oui, Luther lui a donné une importance qu’il n’avait peut-être pas chez les catholiques (ou disons plutôt : une visibilité). Assmann dit que les Espagnols s’en sont directement inspirés dans leur manière d’agir en Amérique. Il raconte que Charles Quint lisait tous les soirs le chapitre XX du Deutéronome où l’on raconte comment il fallait traiter les villes des Cananéens pour tranquilliser sa conscience à propos des « évènements en Amérique » (je ne crois pas que Charles Quint avait ce genre de scrupules). Il parle aussi des Boers en Afrique du Sud qui se sont identifiés avec les Hébreux arrivant en Terre promise. Oui, je sais cela. J’en parle dans mon Voyage, au tome 2, dans Peuples d’Afrique du Sud et dans Ecrivains sud-africains, à propos du roman Quand l’oiseau disparut – Too late the Phalarope d’Alan Paton. Et puis il cite les Puritains en Amérique du Nord. Oui, mais les musulmans ?
Bien sûr nous savons que Mahomet intègre les écrits des deux religions dans la sienne. Que les musulmans reconnaissent tant Abraham que Jésus considéré comme un prophète. Et que beaucoup de passages tant de la Thora que des Evangiles sont connus par les croyants. Assmann cite le Coran quand il parle de la véritable dissociation (historique) qui s’est faite progressivement au cours des derniers siècles avant J.-C. chez les Hébreux entre ceux qui suivent la Loi et les autres, des hérétiques, apostats, etc. : le Coran parle constamment, dit-il, de jugement dernier, de damnation, d’enfer et de paradis, d’amis et ennemis de Dieu. Doit-on en conclure que Mahomet a introduit sciemment dans son Livre saint le langage émotionnel du Monothéisme de la Fidélité ? Est-ce ainsi qu’il a fait de sa religion une religion totale ? Le dilettante que je suis pense qu’il a utilisé bien d’autres moyens. N’est-ce pas au Coran que l’on doit cette caractéristique essentielle de l’islam que l’on a souvent citée comme cause de sa rigidité, même du déclin culturel après l’âge d’or arabo-persan, et qui est l’opposition à distinguer entre lois sociales et lois religieuses (voir mon Voyage, tome 2 : Déclin culturel de l’Islam). Comment peut-on changer la législation successorale (pour ne citer qu’un exemple parmi tellement d’autres) que toutes les féministes du monde musulman réclament quand c’est le Coran lui-même qui décrète que les garçons doivent hériter d’une part double de celle des filles ? Ou ne sont-ce pas ces lois qui paraissent tellement simples à priori comme les 5 prières par jour, le jeûne du Ramadan, le pèlerinage de La Mecque, qui en font une religion totale ? Assmann donne encore un autre parallèle entre l’exemple historique des Hébreux qui s’opposaient à la « forme de vie commune » (des Grecs et des Romains) et celui d’un Khomeini et de ses imams qui s’opposent à la volonté d’occidentalisation du Shah (et bien sûr ceux des Islamistes terroristes d’aujourd’hui).
Voilà. Il me semble qu’il reste à faire une étude plus approfondie des suites. Mieux comprendre comment l’aspect émotionnel de ce Monothéisme de la Fidélité qui, selon Assmann, est à la base de sa violence, a pu pénétrer les autres religions monothéistes. Celles qui sont issues du Livre. Le Livre par excellence…
Mais, peut-être de telles études existent. Ainsi Jean Soler, dans son livre intitulé La violence monothéiste citée au début de cette note, consacre une centaine de pages sur 400 à ce qu'il appelle: L'influence du modèle biblique sur l'Occident. Il parle même brièvement de Ben Laden, de Bush junior et des Evangélistes. Mais cela reste encore assez superficiel parce que trop bref. Il faudra que je me replonge dans les écrits de Jean-Pierre Castel. Il m'avait fait parvenir, il y a longtemps un gros manuscrit intitulé : Pourquoi y a-t-il plus de violence religieuse dans le monde monothéiste que dans le monde non-monothéiste? Mais, à priori, j'ai l'impression - mais je peux me tromper - que l'influence de ce modèle biblique, comme dit Soler, sur l'islam n'est pas non plus traité à fond par Castel...