Gloire au baiser
Voici ce qu’écrit Achille Tatius, romancier, poète et astronome, citoyen de la ville d’Alexandrie, au IIème siècle après Jésus-Christ, dans Les Amours de Leucippe et de Clitophon (traduction du Perron de Castéra) :
« Il me semblait que je portais sur mes lèvres les baisers de Leucippe » – c’est Clitophon qui parle – « comme quelque chose de matériel. Ma bouche en retenait le goût ; c’était un trésor que je conservais précieusement. Aussi, les baisers sont-ils l’une des plus charmantes faveurs de l’amour, en qualité d’enfants de la plus belle et de la plus noble partie du corps ; car la bouche est l’organe de la voix, et la voix est l’interprète de l’âme. Lorsque deux personnes, qui brûlent d’une ardeur mutuelle, pressent leurs bouches l’une contre l’autre, la volupté se répand dans leur sein, leurs cœurs viennent sur le bord de leurs lèvres se rendre caresses pour caresses et goûter le plaisir à sa source. Jusqu’alors mes sens n’avaient jamais reçu d’impression aussi délicieuse. J’avouerai même encore qu’avec l’expérience que l’âge m’a donnée, je ne connais rien qui égale en douceur un baiser vraiment amoureux ».
Voir : Achille Tatius : Les Amours de Leusippe et de Clitophon, traduit du grec ancien par Du Perron de Castéra, deux volumes, Collection Antiqua, à l’enseigne du Pot cassé, Paris, 1930.