Le Bloc-notes
de Jean-Claude Trutt

Gilets jaunes. Cela suffit !

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Cela fait près de trois mois maintenant (treize samedis) qu’ils tournent, manifestent et cassent. Près de deux mille blessés chez eux, plus de mille chez les policiers. 10 ou 11 morts. Par accident. Des dommages incalculables. Matériels. Economiques. Et toujours le refus de discuter, participer, choisir des représentants. Exiger des choses illégitimes et irréalisables comme la démission du Président de la République et la dissolution de l’Assemblée. Après avoir obtenu ce qu’ils appellent des nèfles mais qui coûtent quand même 10 milliards d’Euros au budget de l’Etat, continuer à exiger une amélioration du pouvoir d’achat : comme si c’était l’Etat qui pouvait augmenter les salaires des entreprises (pourquoi ils ne s’attaquent pas au MEDEF, demande Martinez). 
Si je n’ai pas évoqué cette actualité à ce jour sur mon Bloc-notes, c’est que j’ai d’abord été perplexe comme tout le monde. Compatissant, bien sûr, comme la grande majorité des Français, à la situation désespérée de certains des gilets jaunes, telle que les médias l’ont décrite. Encore que ce ne soit pas le cas de tous : certains d’entre eux, selon les témoignages recueillis, auraient des revenus situés entre 2000 et 3000 Euros, ce qui n’est pas la pauvreté absolue. Il n’empêche : il y a quelques jours encore, le Monde publiait une enquête selon laquelle la grande majorité des gilets jaunes encore actifs seraient en situation de grande précarité. Admettons. Mais est-ce la faute à Macron ? Et quelle est la solution miracle qui pourrait changer cela ? Le référendum d’initiative citoyenne ? Voyons, soyons sérieux ! Un changement de la politique économique de Macron ? Peut-être. J’y reviendrai. Mais quoi qu’on fasse on est prisonnier de l’économie. De notre réalité présente. Du monde dans lequel nous vivons. L’autre jour en regardant à la télé le grand débat avec les élus d’outremer : la Guadeloupe avec les Sargasses, la Guyane avec les orpailleurs, Mayotte avec les Comoriens, et tous, surtout la Réunion, avec un taux de chômage insupportable, tous demandant de l’aide, je me suis dit : pauvre Macron ! Et j’ai pensé à une vieille chanson allemande, peut-être tirée d’une opérette : Ach du lieber Augustin, wer soll das bezahlen, wer hat soviel Geld ? 
Et puis, de toute façon, pour moi, les plus à plaindre, en France, sont quand même les chômeurs, par leur nombre, leur désespoir, leur exclusion. Une exclusion qui peut aller jusqu’à l’état de SDF. Des SDF qui sont couchés dans les rues de nos villes et que nous ne voyons plus. Ne voulons pas voir. Oui, pour moi, le problème prioritaire à essayer de résoudre avant tout c’est le chômage qui est la maladie française depuis 40 ans (et c’était aussi, me semble-t-il, l’opinion de Macron). Or ce problème sera d’autant plus difficile à résoudre à l’avenir que l’évolution technologique va continuellement dans le mauvais sens dans le domaine de l’emploi. Hier le journal local ici à Luxembourg annonçait l’inauguration de la première usine 4.0 du pays, l’usine du Canadien Husky qui fait des machines de moulage pour l’industrie du plastique, usine entièrement digitalisée. Et la deuxième va suivre d’ici peu, celle de Goodyear qui fabrique ici des pneus de grande taille pour engins hors route. C’est la quatrième révolution industrielle qui va créer forcément, quoi qu’on dise, un nouveau chômage qui, en France va venir s’ajouter à l’ancien… 
Et puis ma perplexité venait du rôle néfaste, catastrophique, joué par les réseaux sociaux et par les télés d’information continue dans le mouvement des gilets jaunes. Les réseaux sociaux sont le cancer de l’internet, me dit mon ami Bob qui constate mieux que moi qui n’y vais pas, les tonnes d’immondices, de haine et de vulgarité, que ces réseaux charrient. Philippe Val se disait horrifié, l’autre jour, sur C à vous, par la haine portée sur le net contre Macron. Mais qu’a-t-il fait, bon Dieu, cet homme, pour mériter cela ? Ce n’est quand même pas un criminel, dit-il. On peut être en désaccord avec sa politique, tout en gardant un minimum de mesure. Les réseaux sont irrationnels, émotionnels, violents, mensongers et complotistes. Le complotisme c’est l’ancien phénomène des rumeurs, analysé dans le temps par Edgard Morin (sa Rumeur d’Orléans vient d’être rééditée avec 4 autres ouvrages essentiels de lui dans la collection Bouquins). Aujourd’hui les rumeurs, surtout politiques, sont placées volontairement sur le net en se servant de son énorme pouvoir amplificateur. Les manipulateurs des gilets jaunes en ont joué à fond. C’est ainsi que la convention des Nations Unies signée à Marrakech devait contenir un accord secret et contraignant favorisant l’immigration de plusieurs centaines de millions de migrants en Europe, que l’accord France-Allemagne d’Aix-la-Chapelle prévoyait le partage de la place de la France parmi les 5 Grands des Nations Unies avec l’Allemagne et la rétrocession de l’Alsace-Lorraine à notre voisin d’outre-Rhin (quitte à choisir, a écrit la Welt, on préférerait prendre la Côte d’Azur !). Et la Le Pen et ce grand connard de la France debout ont immédiatement protesté contre ces « clauses secrètes » (dommage que le ridicule ne tue plus, a écrit Le Monde). Et hier on a appris que 10% des Français étaient persuadés que l’attentat de Strasbourg n’avait pas eu lieu mais avait été organisé par le pouvoir pour faire diversion. Et combien parmi les gilets jaunes ? 23%, auxquels il faut ajouter 19% qui pensent qu’il y a des aspects flous ! Quand on ajoute cet aspect complotiste au caractère émotionnel des réseaux, cela fait vraiment peur. On se dit que si Hitler et Mussolini avaient disposé de ces outils-là il ne leur aurait pas fallu dix ans pour arriver au pouvoir ! 
Les gilets jaunes prétendent n’avoir pas de chefs auto-proclamés, pas de têtes, pas de délégués. Comme à la Révolution, dit l’intellectuel Mélenchon. Ce qui est faux : il y a toujours eu des têtes pensantes (qu’on lise Saint Just), des meneurs et la Terreur n’a pas été organisée par la foule mais par un petit Comité de Salut public. Et c’est faux aussi pour les Gilets jaunes. Et il est grand temps de les examiner de plus près, ces meneurs. 
Voici quelques portraits fournis d’abord par Le Monde en décembre 2018, puis complétés par des données plus récentes recueillies sur le net. Eric Drouet, chauffeur routier de Melun (salarié ou à son compte ? En tout cas pas au SMIC, je suppose), 33 ans, est probablement le plus violent, son compte facebook a 46000 suiveurs, il y accueille des nouvelles complotistes (on va abolir les frontières pour les immigrés, on favorise le mélange racial au profit du mondialisme), il continue à appeler à la destitution du Président, refuse toute discussion, a appelé à envahir l’Elysée, vient de publier un véritable appel au soulèvement à la suite de la blessure à l’oeil de son ami Rodrigues (qui, lui se dit pourtant pacifiste. Ou pacifique ?) et quand Castaner se propose de le traîner en justice c’est lui qui va attaquer Castaner en justice. Priscilla Ludovsky, micro-entrepreneuse (?) de 33 ans également, avait été à l’origine de la pétition demandant une baisse de prix de l’essence (et qui a reçu un million de soutiens), reste en contact étroit avec Eric Drouet, ne veut d’aucun affilié politique dans son mouvement et pense qu’il est plus facile de s’autoproclamer plutôt que d’organiser des élections de représentants. Maxime Nicolle, intérimaire, 31 ans, proche lui aussi d’Eric Drouet et de Priscilla Ludovsky, est également proche du complotiste Etienne Chouard, est convaincu, dit-il dans une conférence à Nice, qu’il existe un monde parallèle, un monde parallèle politique secret, bien sûr. C’est lui qui avait raconté sur son blog (Flyrider) qu’en signant le pacte de Marrakech Macron vendait la France à l’ONU et accepterait l’arrivée de 480 millions d’immigrés en Europe et lançait un véritable appel à l’armée et à la police à se soulever contre le Gouvernement et conseille aux gens de faire des provisions, des réserves d’eau, de sécuriser les maisons contre les pillages. Et maintenant il déclare qu’il ne se sent plus en sécurité en France et qu’il émigrera si tout échoue dans un pays où on ne pourra le renvoyer en France en cas de poursuite. Plus complotiste, tu meurs. Ah oui, j’oubliais : il était un des premiers à demander la destitution de Macron. Steven Lebee, de Haute Savoie, a 31 ans et est allocataire du RSA. Désigné porte-parole par Eric Drouet et Priscilla Ludovsky, il rejette également tout membre avec un passé politique ou syndical et est « comme la majorité des Français » pour une VIème République. Jacline Mouraud, hypno-thérapiste et artiste de 51 ans, s’est désolidarisée de la bande d’Eric Drouet, a eu des menaces de mort, a peur des violences et a rejoint les « gilets jaunes libres ». Elle avait également été à l’origine de la protestation contre les taxes sur le carburant. Elle pense se lancer en politique, mais plus tard, pour les municipales. Benjamin Cauchy, chargé de clientèle à Groupama, 38 ans, s’est également désolidarisé d’Eric Drouet et de sa demande de destitution de Macron (et de la suppression du Sénat), a rejoint les gilets jaunes « libres ». Fabrice Schlegel, promoteur immobilier, 45 ans, est un modéré lui aussi, ancien électeur de Fillon (on se demande ce qu’il vient faire dans cette galère), réclame la réduction du nombre de parlementaires et l’introduction d’une dose de proportionnelle (n’est-ce pas ce que propose Macron ?). Christophe Chalençon, 52 ans, artisan forgeron, avait d’abord demandé la démission du Gouvernement, la désignation d’un homme à poigne (un général par exemple), dénonce l’intégrisme musulman, la burqa et les casseurs des banlieues. Défend la ruralité (on va sortir les fourches) mais a déjà été écarté par Eric Drouet. C’est lui que le Vice-premier ministre italien du Mouvement des 5 étoiles a rencontré récemment pour l’assurer de son soutien contre Macron (populistes de tous les pays unissons-nous !). Hier, sur France 5 (car tous ces apprentis-sorciers sont reçus à la télé, la télé publique que nous payons) il a déclaré que 30% des gilets jaunes des ronds-points votaient pour Marine Le Pen et qu’il fallait les recueillir. Et puis, tout récemment, on a vu à une émission de France 2, Ingrid Levavasseur, aide-soignante, qui a décidé de présenter une liste aux Européennes de mai 2019, aussitôt accusée par une autre gilet jaune, plus âgée, originaire du Nord, de créer la division et de se politiser ! 
Il y a donc clairement une scission qui est en train de s’opérer. Et c’est bien ainsi. D’une part des gens un peu plus raisonnables et qui pensent qu’il est grand temps de passer à autre chose. Au stade politique. Et d’autre part ces gens qui font peur comme Drouet et ses suiveurs. Comment le définir cet Eric Drouet ? Un anarchiste ? L’anarchisme est respectable car c’est la seule pensée politique qui a parfaitement assimilé la vérité qui est que tout pouvoir corrompt. Mais malheureusement l’anarchie ne mène à rien. Totalement stérile et irréaliste. Inapplicable. Mais je crains fort que Drouet ne soit autre chose encore : un créateur de troubles pour le plaisir, un homme avec un fond d’extrême-droite : haine du système, ce qui veut dire haine de la République. Défenseur de ce qu’ils appellent à droite l’identité. Et que ce n’est que par pur machiavélisme (qui est celui de l’extrême-droite) qu’il fouette la haine de ce qu’ils appellent élite. L’élite étant tout ce qui n’est pas « nous », c’est-à-dire le bas peuple. Je dis que c’est du machiavélisme car l’extrême-droite n’a jamais été pour la démocratie qui est, étymologiquement du moins, le pouvoir du peuple. Or Eric Drouet est un manipulateur des foules. Manipulateur par l’utilisation parfaitement maîtrisée des réseaux sociaux. Et aussi des médias qui s’y prêtent avec délices et belle naïveté. Manipulateur dans le sens de Gustave Le Bon, le génial auteur (de droite) de la Psychologie des Foules
Je suis aussi effaré par la lâcheté des hommes politiques et des journalistes. Des intellectuels et pseudo-intellectuels aussi (hier Francis Lalanne accusait Macron de crime contre l’humanité). Or le mouvement des gilets jaunes est aussi une attaque de notre démocratie représentative. Des permanences des députés LREM ont été attaquées (hier, on a essayé de mettre le feu à la maison de Ferrand), certains députés ont reçu des menaces de mort et les chefs de nos partis démocratiques ne bougent pas. Je ne parle pas de Marine Le Pen, bien sûr, c’est sa cuisine. Elle se régale. C’est tout bon. D’ailleurs d’après les récents sondages elle sortirait en tête au premier tour aux prochaines élections présidentielles ! Quant à Mélenchon, le tribun à l’ego surdimensionné, et sa clique qui font dans la surenchère par rapport aux jaunes, réclament démission et dissolution, le Ruffin se plantant face à l’Elysée et lisant un appel à la démission de Macron : des incendiaires ! Beaux démocrates ! Beaux républicains ! 
Comment croire que dans le monde de plus en plus complexe dans lequel nous vivons c’est la foule qui peut faire les lois ? Notre monde d’aujourd’hui est économique, que cela nous plaise ou pas, je me répète. Et l’économie est un mécanisme compliqué qui nécessite réflexion et étude. C’est pour cela que nous élisons des députés et que ceux-ci préparent les lois dans des commissions. Des commissions dans lesquelles l’opposition est représentée. Et la décision reste à la majorité. C’est ainsi depuis l’invention de la démocratie par les Grecs. 
Quant à ce qu’on appelle aujourd’hui la démocratie directe elle peut fonctionner quand on demande aux Suisses s’ils sont pour ou contre le port de cloches aux cous des vaches dans leurs montagnes. Mais quand, par référendum, ils ont exigé des quotas pour tous les immigrés, même ceux de l’UE, leur gouvernement était bien emmerdé car c’était contraire aux conventions signées et risquait de mettre en danger toute l’industrie suisse qui avait obtenu l’accès du marché commun en accordant la libre circulation des personnes. Et on a vu la catastrophe qu’a entraînée le référendum du Brexit où ce sont justement les régions pauvres qui avaient le plus à gagner de l’appartenance à l’Union qui ont voté le plus en faveur du Brexit (en croyant tous les mensonges les plus éhontés qui avaient été proférés à ce sujet par des politiciens criminels). 
Comment va-t-on faire pour sortir de ce drame ? On ne peut quand même pas continuer ainsi, manifester tous les samedis, pour rien, continuer à casser radars, péages, magasins (j’ai détruit l’avenue Kléber, je suis un révolutionnaire, raconte l’humoriste Stéphane Guillon sur scène), un dommage économique énorme, les casses, les vols et les pertes d’exploitation des commerçants, les dommages pour les municipalités, le mobilier urbain, les péages, les radars, l’effet d’image à l’étranger, le tourisme, l’effet sur le PIB, les dizaines de milliers si ce n’est 100000, de policiers et gendarmes qui n’en peuvent plus, qu’il faut payer en heures supplémentaires, qui doivent servir à autre chose, comme la défense contre le terrorisme par exemple. Et dont les armes vont continuer à éborgner ? 
Je ne crois pas que le grand débat va donner beaucoup de résultats. Surtout que les gilets jaunes ne veulent pas y participer. Cela donnera peut-être une image un peu plus humaine de Macron, cela va peut-être le rapprocher un peu plus des problèmes quotidiens des Français, mais à la fin que va-t-il rester de tout ça ? Est-ce que cela ne fait que rallonger la durée des manifs ? Et que peut faire Macron ? 
Personnellement je n’ai pas approuvé toutes ses mesures. C’est d’ailleurs le problème de notre système démocratique : on vote pour quelqu’un qui a un programme de 40 points et on n’est pas d’accord sur tout. C’est là que la participation manque. C’est les partis qui devraient organiser un peu plus l’écoute. Belle illusion. 
Il n’empêche : il y avait une idée d’ensemble dans son programme économique. D’abord il pensait comme moi qu’il fallait s’occuper en priorité du chômage, donc de notre désindustrialisation et de notre déficit commercial. Et pour cela favoriser l’investissement. Celui du capital international. Et donc modifier l’ISF (le limiter au capital dormant, l’immobilier), ce qui peut se discuter bien entendu (profite aux plus riches, freine l’immobilier, et les biens financiers servent plus à la spéculation qu’à l’investissement vertueux). Diminuer l’impôt sur le bénéfice des sociétés, péché mortel, à mon avis : cela n’apporte rien à la compétitivité des entreprises, et ne sert qu’à la distribution éhontée de ce bénéfice sous la forme de dividendes : cette année 60% des bénéfices du CAC40 ont été distribués (voir ce que je dis de ce scandale mondial dans mes notes : Ainsi va le capitalisme financier… sur mon Bloc-notes 2015 et Nouvelles du capitalisme financier sur mon Bloc-notes 2016) : pourquoi ne pas taxer différemment le bénéfice distribué et celui qui reste dans l’entreprise ? Diminuer les charges patronales : oui, absolument, ce n’est pas un cadeau, c’est diminuer le coût du travail ; oui, mais qu’a-t-il fait réellement ? Personne ne l’a expliqué, la forme CICE (ristourne en fin d’année sur l’impôt) me paraît totalement aberrant. Pourquoi ne pas diminuer simplement ? Par exemple en supprimant la cotisation Allocations familiales qui de mon temps représentait 5.40% et pouvait, devait, être transféré au budget de l’Etat). Augmenter le pouvoir d’achat en diminuant les charges salariales et la taxe d’habitation, deux mesures que je n’ai pas trouvées judicieuses (la première parce que je pense que le salarié doit savoir que la sécu et la retraite coûtent, la deuxième parce que cela enlève une liberté d’action aux collectivités locales). Rendre la législation sociale moins compliquée (oui, bien sûr : la Bible rouge de la législation sociale en France est un Monstre !) (le patron de Pont-à-Mousson, plutôt social, disait : oui, je sais, c’est difficile à comprendre, mais c’est vrai qu’on engage plus facilement quand on sait qu’on peut licencier plus facilement). 
Que peut-il changer dans tout cela, Macron ? Je ne sais pas. Il faut de la stabilité dans une législation fiscale. Et comment échapper à la concurrence fiscale avec les pays qui nous entourent ? Plus aucun n’a d’impôt sur la fortune et ils tendent tous, hélas, vers une diminution de l’imposition des bénéfices ! 
En tout cas j’espère qu’il ne va pas trop s’engager dans des réformes constitutionnelles. Je ne suis d’ailleurs pas sûr qu’il faille diminuer, comme il le prévoit et que les gilets jaunes le demandent, le nombre de députés : s’ils veulent garder le contact avec les citoyens il faut que leur réservoir électoral garde des dimensions humaines. Et je suis, bien sûr, opposé à une trop grande part de proportionnelle. Notre scrutin à deux tours est le principal avantage de la Vème République (les vieux comme moi se souviennent encore de l’instabilité de la IVème). Le gros, l’énorme défaut de la Vème c’est l’élection au suffrage universel du Président de la République, institué pour de Gaulle et convenant au monarchisme secret des Français. Mais à ça aucun Français, qu’il porte un gilet jaune ou pas, ne veut y toucher ! Or dans toutes les démocraties modernes, sauf l’américaine, c’est l’Assemblée qui désigne l’exécutif. Et, encore, dans l’original, le Président était élu pour 7 ans et l’Assemblée pour 5, le Président et le Gouvernement avaient des rôles un peu différents et pouvaient même être de tendances politiques contraires. Et voilà que nos génies politiques ont changé cela, supprimé l’heureuse dichotomie, et voilà pourquoi Macron est tellement haï : il est vraiment au sommet de la pyramide ! Il est le Président et il gouverne ! 
Voilà. Alors on n’en sortira jamais ? Je ne sais. En tout cas il y a quand même un certain nombre de journalistes et d’intellectuels qui commencent à mettre les choses au point. Il y avait un très bel article de Jean-François Kahn dans le Monde il y a quelques semaines. Des philosophes, des sociologues commencent à s’agiter. Certains de droite, bien sûr, comme Bruckner. Ou celui que j’ai souvent pris plutôt comme un philosophe de pacotille, BHL, mais qui a dit des choses très sensées l’autre jour à C à vous
Et puis : dernière minute : même Marine Le Pen et Mélenchon trouvent que ce n’était pas bien d’incendier la maison de Ferrand. Tout n’est donc pas perdu… 

Post-scriptum (18/02/2019) : 14ème samedi. Encore 41000 manifestants. Toujours la violence. Encore plus de haine. Un nombre incroyable d’actes antisémites dégoûtants (croix gammées sur Simone Weil). Finkielkraut insulté dans la rue. Deux minibus de policiers agressés violemment à coups de pavés. Le Führer de la France debout menaçant de mort les députés ayant voté une loi qui ne lui plaît pas. Le Führer de la France insoumise refusant de condamner clairement l’agression de Finkielkraut. Et félicitant les gilets jaunes de continuer le combat. On s’envoie aussi des menaces de morts entre gilets jaunes. La Levavasseur a dû être exfiltrée par des CRS. Le Chalençon parle de guillotine à propos de Macron et de paramilitaires prêts à renverser la République. Ce qui ne l’empêche pas d’être interviewé pendant une heure sur France 5. Le Parisien sur une pleine page titre en grand : Marre de tant de haine. Le Canard parle d’un sac d’haineux. Un maigre 52% de Français se déclarent enfin contre la continuation du mouvement des gilets jaunes. Les autres risquent de se réveiller un peu tard dans ce climat pré-fasciste que nous sommes en train de vivre.