Je me souviens d’un poème que j’ai lu dans ma jeunesse, un poème qui racontait une légende, une légende qui remontait loin, au 12ème siècle, je crois : il y avait alors un Landgraf, un comte qui régissait pour le compte de l’Empereur la Thuringe et la Hesse, Louis II de Thuringe, beau-frère de Barberousse, un bon prince, juste et honnête, mais qui était faible avec ses subordonnés, les laissant exploiter sans vergogne les petites gens. Un jour il va à la chasse, suit un gibier, se perd, seul sans sa suite, et le soir venu, sale et fourbu, arrive à une chaumière, la chaumière d’un forgeron, le forgeron de Ruhla. Il ne se fait pas connaître, dit qu’il est de la suite du Landgraf, demande gîte et couvert. Le forgeron le lui accorde, bien qu’il soit de la suite du Landgraf qu’il honnit et auquel, dit-il, il aurait fermé la porte au nez.
Le Landgraf se couche, cherche à s’endormir, mais le forgeron continue à travailler toute la nuit et à chaque coup de marteau sur son enclume, dit d’une voix forte : « Ô Landgraf, werde hart, Landgraf werde hart, werde hart wie dieses Eisen ! (Ô Landgraf, deviens dur, deviens dur, dur comme ce fer que je bats) ». Le lendemain le Landgraf Louis remercie le forgeron, part retrouver sa suite et, revenu à sa Cour, change complètement son comportement. Et l’Histoire se souvient de lui comme d’un Prince valeureux et aimé de son peuple. J’ai retrouvé la référence du poème sur le net mais pas le texte. Le poète s’appelait Wilhelm Gerhard. Et le poème Der Edelacker.
J’ai pensé à ce poème l’autre jour quand j’ai vu ce roquet de Copé face à Hollande, plein de morgue, d’outrecuidance, de tonnes de mauvaise foi, et que j’attendais que Hollande s’énerve enfin, qu’il tape sur la table, qu’il le pointe avec le doigt droit dans sa face de roquet et je me suis dit en moi-même : Hollande, werde hart, werde hart, par la grâce de Dieu. Lui que l’extrême-gauche n’arrête pas de traiter de mou, lui que Plantu dessine tous les deux jours en mi-chou mi-chèvre, ce qu’il n’est pas, pas plus qu’il n’est vraiment mou. Et depuis je n’arrête pas de me réciter en moi-même : Hollande, werde hart, Hollande, werde hart. En espérant qu’il m’entendra (je crois qu’il connaît l’allemand)…