Je suis profondément choqué par la grande chasse aux sorcières déclenchée et poursuivie par Adèle Haenel, et soutenue par un certain nombre de féministes, contre Polanski. Le sommet étant atteint à la soirée des Césars : d’abord des manifestations violentes de je ne sais combien d’associations – je crois que même les Gilets jaunes et la CGT y étaient – devant les portes de la Salle Pleyel où devait se passer la soirée, et même le Ministre de la Culture qui se met à hurler avec les loups ! Minable ! Polanski qui devait d’abord présider la soirée des Césars doit se récuser. La campagne anti-Polanski devenant de plus en plus massive il renonce à participer à la soirée et toute son équipe en fait autant. Quand on annonce que c’est lui qui obtient le César du meilleur réalisateur, Adèle Haenel et la réalisatrice Céline Sciamma quittent la séance, la comique Florence Foresti qui jouait à la maîtresse de cérémonie et qui n’a pas arrêté pendant toute la soirée de se moquer d’une manière vulgaire de Polanski, se retire et écrit sur son compte Instagram : écoeurée !, méprisant le vote de plus de 4000 professionnels du cinéma. Et notre Ministre de la Culture surenchère : oui, on n’aurait pas dû…
Polanski ne méritait pas cela. C’est un grand réalisateur. Et c’est un homme. Un homme qui a couché avec une fille de 14 ans, une seule fois, sans violence aucune, une fille qu’il croyait alors bien plus âgée, une fille qu’il avait reçue dans la villa californienne d’un ami pour faire des photos pour Vogue Hommes, une fille qui s’y est baignée nue dans la piscine, a pris une douche, avec Polanski et puis… ils ont couché ensemble. Il l’a regretté ensuite, a été jugé, a fait de la prison, a été soumis à une expertise psychologique sur instruction du juge et puis, lorsque le juge est revenu sur sa parole de le laisser libre, a quitté les Etats-Unis de manière illégale. Cela s’est passé en 1977, il y a 43 ans. Il y a longtemps que la fille lui a pardonné et regrette qu’on ne passe pas une fois pour toutes l’éponge sur toute cette affaire. Mais il n’en a jamais terminé. Alors que le premier juge, décédé, avait déclaré que Polanski avait exécuté la totalité de sa peine de prison, la justice américaine le persécute à nouveau 30 ans plus tard et il est arrêté en Suisse en 2009, puis libéré, mais pratiquement empêché de se déplacer ailleurs qu’en France et qu’en Pologne, pays dont il a la nationalité.
Et puis voilà qu’Adèle Haenel accuse violemment son premier réalisateur, Christophe Ruggia, d’harcèlement sexuel et d’attouchements alors qu’elle avait entre 12 et 15 ans. L’affaire fait grand bruit, Mediapart est à la manœuvre, Ruggia est immédiatement suspendu de la Société des Réalisateurs de Films, la profession se dit solidaire d’Adèle Haenel qui est d’ailleurs soutenue dans son nouveau combat par sa compagne et réalisatrice Céline Sciamma avec laquelle elle a tourné Naissance des pieuvres en 2007 et Portrait d’une jeune fille en feu en 2019. Et puis quelques jours plus tard une certaine Valentine Monnier, photographe, accuse à son tour Polanski de l’avoir violée et frappée alors qu’elle avait 18 ans aux sports d’hiver à Gstaad en 1975. Polanski nie absolument. Je n’ai pas à me souvenir parce qu’il ne s’est jamais rien passé, dit-il dans Paris Match. Et puis je n’ai jamais frappé une femme dans toute ma vie. C’est tout le problème avec le mouvement metoo. N’importe qui peut accuser un homme quarante ans plus tard, sans preuves, sans témoins, sachant parfaitement qu’il est impossible d’engager une action judiciaire, et demander à l’opinion publique représentée aujourd’hui par les si puissants et efficaces réseaux sociaux de juger cet homme et de le condamner. C’est la chasse aux sorcières moderne !
Qui est Adèle Haenel ? Que s’est-il passé avec Ruggia ? Quand on lit le synopsis du film qu’elle a tourné avec lui à 11 ans, les Diables, on se dit qu’il y a effectivement quelque chose de glauque : deux orphelins fugueurs, un frère (joué par Vincent Rottiers à 15 ans) et sa sœur (jouée par Adèle à 11), autiste, muette, refusant tout contact physique, dessinant sans cesse une maison qu’ils veulent rejoindre ; mais c’est aussi, lit-on, l’histoire d’un amour incestueux, la découverte de la sensualité, de la nudité, de leurs corps. Le frère et sa sœur muette se trouvaient déjà dans le court-métrage qu’il avait tourné auparavant (en 1998) : L’enfance égarée. L’histoire : Un garçon battu cherche de l'aide auprès d'un copain un peu caïd afin de quitter son père et sa banlieue pour protéger sa petite soeur de la violence paternelle. Y-a-t-il des éléments autobiographiques dans cette histoire ? Je ne sais pas. Il a passé son enfance dans la banlieue marseillaise et a perdu son père, un pied noir, à 7 ans. En tout cas c’est aussi lui qui avait tourné en 1998 le film Le Gone du Chaâba (une histoire de gamin algérien d’un quartier de Lyon, histoire auto-biographique d’Azouz Begag) qui a été montré à l’époque au Festival du film arabe de Fameck. Ruggia dénie tout harcèlement sexuel, même s’il reconnaît avoir joué d’une façon probablement trop insistante son rôle de Pygmalion. L’enquête est en cours. En tout cas il semble bien qu’Adèle ait été profondément perturbée après sa rupture avec Ruggia en 2005, eu une crise de dépression et avoir coupé avec le cinéma. Jusqu’à ce qu’elle rencontre la réalisatrice Céline Sciamma, tourne avec elle le film Naissance des pieuvres (en 2007), entame une relation amoureuse avec elle (fait son coming-out en 2014 à la soirée des Césars) et, depuis, n’arrête plus de tourner. Je l’ai vue dans le film Les Combattants de Thomas Cailley (2014) et ai été frappé par le rôle qu’elle y joue : un rôle de domination, pendant une grande partie du film, sur son partenaire masculin aussi bien sur le plan physique que sur le plan mental. Et, aujourd’hui, elle me donne l’impression qu’elle en veut au monde masculin dans son ensemble et qu’elle a transféré sa colère contre Ruggia sur Polanski qu’elle ne connaît pas et dont, au fond, elle ignore tout.
Alors revenons à Polanski, à l’homme Polanski. Il naît à Paris en 1933. Ses parents, juifs polonais, décident de rentrer au pays en 1936. Quand Hitler envahit la Pologne en septembre 39 le jeune Roman (en réalité Raymond) a 6 ans. La famille habite Cracovie. Bientôt ils doivent déménager dans un quartier qui va devenir le ghetto local. Un jour ils voient des ouvriers commencer à construire un mur. La façade de leur immeuble est murée également. Mais une partie du ghetto est fermée simplement par des barbelés (il n’y a que 60000 juifs à Cracovie alors que le ghetto de Varsovie contenait 450000 personnes) et Ramon arrive à sortir assez facilement. Il faut dire que le père de Ramon avait vendu tous les bijoux de sa femme et avait mis en sûreté toutes ses économies pour pouvoir acheter un accueil pour son fils. C’est ainsi que pendant un bon moment Ramon va circuler entre le ghetto et une famille amie. Et va être le témoin des brutalités de l’armée allemande. Une femme tirée par les cheveux dans l’escalier, une vieille femme dans un convoi de femmes qui ne peut suivre et demande pitié, abattue au revolver, etc. En été 1942 lors d’une des premières rafles sa mère (enceinte) et sa grand-mère sont déportées. Il a 9 ans. Plus tard on apprendra qu’elles ont été gazées dès leur arrivée à Auschwitz. Lors d’une autre rafle tous les enfants sont déportés (et exterminés). Il en réchappe parce qu’il est à l’extérieur du ghetto et l’un de ses copains aussi parce que son père l’a caché dans un WC, plongé dans la merde. Enfin, au cours de l’été 1943, son père est déporté à son tour. Roman l’aperçoit dans un convoi, lui court après, son père lui siffle : sauve-toi ! Il a 10 ans et il est seul au monde. Dans un monde hostile aux juifs. Et il est circoncis. Il ne peut même pas pisser devant d’autres gamins ! Le couple ami le retrouve dans la rue, mais ne peut le garder sans risquer la suspicion. On lui trouve une autre famille (qu’on paye pour la nourriture) mais qui ne le garde pas (tout en gardant l’argent). Finalement il échoue à la campagne chez une famille affreusement pauvre et dont plusieurs membres sont un peu handicapés mentaux. Heureusement la femme est forte et gentille avec lui. Il n’empêche. Tout le monde souffre de la famine. Surtout en hiver. On combattait la faim en dormant, dit-il. Et la famine continue encore dans l’immédiat après-guerre après l’arrivée des Russes. Ce qui explique sa petite taille devenu adulte (et ce qui permet à la Foresti de l’insulter à la Salle Pleyel en l’appelant Atchoum ! Voilà à quel niveau on est descendu lors de cette fameuse soirée). Et pendant tout ce temps il n’a pas été à l’école. Il est illettré ! Et il a 12 ans quand l’Allemagne capitule. Heureusement son père a survécu au camp de Mauthausen, revient à Cracovie, arrive à gagner de nouveau de l’argent, s’occupe de son fils et lui trouve un précepteur pour regagner le temps perdu. Polanski raconte tout cela sans grand pathos dans son autobiographie (Roman, Fayard, 2016, édition originale : 1984). Si ce n’est, brièvement, pour parler de sa douleur de la mère perdue et de celle de se trouver seul, désemparé, sans parents, à dix ans au milieu d’une guerre sauvage. Polanski a perdu la plus grande partie de sa nombreuse famille par la Shoah. Seuls ont survécu deux oncles et une tante en plus de son père. Je crois que si un réalisateur avait le droit de parler de la Shoah (le Pianiste) et de l’antisémitisme (J’accuse !) c’est bien lui. Quand je pense que certaines de ces chasseresses qui l’ont poursuivi ont prétendu qu’il a tourné ce film sur Dreyfus rien que pour faire un parallèle avec la campagne qu’on faisait contre lui pour son viol de 1977 !
Mais c’est Polanski adulte qui vivra un autre drame qui sera encore bien plus terrible pour lui. « La mort de Sharon est la seule ligne de partage qui ait réellement compté dans ma vie », écrit-il en 1984 dans son autobiographie. « Avant, je naviguais sur un océan d’espoir et d’optimisme sans limites. Après, chaque fois que j’ai eu conscience de m’amuser, je me suis senti coupable ». La rencontre de Sharon Tate a été la grande affaire de sa vie. Il en a été éperdument amoureux. Quand elle a été assassinée de cette affreuse manière avec les autres personnes qui se trouvaient dans leur maison ce soir-là (trois amis du couple et un ami du gardien) par la sinistre bande de Mansion elle était enceinte de huit mois et demi et Polanski était à Londres. Neuf coups de couteau dans son corps. Il a fallu une année entière avant de découvrir les meurtriers (grâce à une récompense promise par Polanski). Et pendant tout ce temps ce fut la ruée des médias (dont il se souvient certainement aujourd’hui lors de cette nouvelle chasse aux sorcières). Tout de suite on a voulu que les victimes soient responsables de leur mort. La drogue, les parties fines imaginaires, sado-machistes, les films d’horreur de Polanski. Et puis voilà que même des journaux aussi sérieux que Time et Newsweek racontent n’importe quoi. Newsweek : « …Tout au long de la semaine les potins de Hollywood à propos de l’affaire n’évoquaient que drogue, mysticisme et pratiques sexuelles dévoyées – or, pour une fois, il pourrait y avoir plus de vrai que d’imaginaire dans les bruits de la ville… ». Et par la suite le journal évoque encore de la magie noire, du vaudou, un Jamaïquain imaginaire, etc. Et Time : « c’était un milieu aussi macabre que tout ce que Polanski a pu décrire dans son exploration cinématographique des recoins les plus sombres et les plus mélancoliques de la nature humaine ». Et Time continue à parler du rôle des drogues, des films macabres, des « côtés louches » des autres victimes. Et prétend que Sharon et Ramon avaient l’habitude de ramasser des gens dans la rue pour faire la fête. Tout ceci est totalement faux, bien sûr. Et finalement on apprend que Manson ne connaissait pas du tout Polanski et voulait s’attaquer à un certain Terry Melcher qui lui avait refusé de faire un disque et qu’il croyait encore habiter la maison des Polanski.
« Je brûlais naguère d’un prodigieux feu intérieur », écrit Polanski, « j’étais absolument persuadé que rien ne pouvait me résister si je m’y mettais pour de bon. Cette confiance a été sapée par les meurtres et ce qui les a suivis. Non seulement je me suis mis à ressembler physiquement à mon père après la mort de Sharon, mais encore j’ai acquis certains de ses traits de caractère : son pessimisme viscéral, son éternelle insatisfaction de l’existence, son sens de la faute si profondément juif, et sa certitude que tout bonheur, toute joie se payent un jour ». Et il ajoute encore : « Je doute fort d’être jamais capable de partager de nouveau l’existence d’une femme… ». Mais là il s’est trompé. Heureusement pour lui. Quelques années plus tard il rencontre Emmanuelle Seigner, ils se marient en 1989 et vivent heureux encore aujourd’hui en Suisse. Et leurs deux enfants nés en 1993 et 98 sont l’une actrice et l’autre musicien.
Que dirais-je de Polanski réalisateur ? Je ne suis pas un amateur de ses films d’horreur, Répulsion, Cul-de-sac, Le Bal des Vampires, Rosemary’s Baby. Je me souviens même d’être sorti de la salle de cinéma quand dans Répulsion Catherine Deneuve plonge son couteau dans le corps de son propriétaire et que le sang gicle sur l’écran. Même si le film est probablement un chef d’œuvre. Je ne sais d’où vient son attirance pour l’horreur, l’étrange, le malsain même. Le temps de son enfance, le temps du Mal, le Mal enfoui volontairement, radié de sa mémoire ? Ou simplement le plaisir de raconter quand il a découvert très tôt, quand il était scout après la guerre, qu’il possédait l’art du raconteur d’histoires, qu’il savait inventer et fasciner l’auditoire. Et quelle meilleure façon de fasciner que de faire peur ? En tout cas il trouve cette veine dès son premier film, tourné encore en Pologne, Le Couteau dans l’eau (1962).
Mais à côté de cela combien de films admirables. Chinatown (1974) avec le génial Nicholson, des décors d’époque magnifiquement recréés et l’atmosphère de Dashiell Hammett. N’est-ce pas extraordinaire pour l’enfant qui était illettré à 12 ans à Cracovie ? Et puis il y a Tess (1979) avec des photos de la nature anglaise absolument splendides. Et puis ce Pianiste (2002), supérieur même, à mon avis, à la Liste de Schindler. Et enfin ce J’accuse ! qu’il prépare depuis longtemps, que je n’ai pas vu mais que tout le monde dit être une réussite et qui n’a pas eu pour rien 12 nominations aux Césars. Car Polanski est connu pour avoir une conception globale de son art. Par sa connaissance technique et sa maîtrise du tournage. D’ailleurs il n’y a qu’à voir toutes les récompenses accumulées au cours du temps. Les plus prestigieuses : Ours d’Or de Berlin pour Cul-de-sac en 1966, Golden Globes pour Chinatown en 1975 et pour Tess en 1981, Palme d’Or à Cannes pour Le Pianiste en 2002 et Oscar de meilleur réalisateur pour ce film en 2003, Etoiles d’Or de réalisateur pour Le Pianiste en 2003 et pour The Ghost Writer en 2011, César du Cinéma en 2014 pour Vénus à la fourrure, et avant les Césars de 2020 J’accuse ! avait déjà obtenu le Grand Prix du jury à la Mostra de Venise. Au total Polanski a déjà eu 9 Césars. Et a été nommé Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres en 2014.
Il a fallu une jeune actrice française soutenue par son amie réalisatrice pour essayer de tuer professionnellement cet homme de 86 ans. Et non pour une affaire récente, actuelle, mais pour un acte commis et jugé il y a exactement 43 ans aux Etats-Unis, selon la loi californienne où la majorité sexuelle, à l’époque, était déjà de 18 ans. Rien à voir avec toutes les affaires de pédophilie que nous connaissons en ce moment en France et qui se déclenchent souvent plusieurs décennies plus tard. Comme celle de Vanessa Springora qui publie Le Consentement en 2020 trente ans après les faits rapportés. Et Adèle Haenel elle-même accuse Christophe Ruggia en novembre 2019 pour des attouchements et agressions qui se sont passés entre 2002 et 2005. La relation Polanski-Samantha date du 10 mars 1977 et lui-même est arrêté dès le lendemain et jugé dans les semaines qui suivent. Dans la foulée il a été condamné à 90 jours de prison. Après 45 jours à l’isolement dans la prison de Chino il a été libéré pour bonne conduite. Un rapport psycho a été fait comme c’est la loi en Californie : il était favorable. Puis le juge, sensible aux opinions exprimées dans la presse locale (on a vu à l’occasion du meurtre de Sharon Tate, le déchaînement de boue que cette presse était capable de déverser sur un homme confondu avec le Satan de ses films d’horreur et on sait combien les juges et procureurs américains dépendent de l’opinion publique), revient sur sa promesse et annonce qu’il va remettre Polanski en prison pour une période indéfinie. C’est alors que celui-ci décide de quitter les Etats-Unis (au début de l’année 1978). Après cela plus rien ne se passe. Polanski recommence à travailler, tourne de nombreux films, participe à des festivals, reçoit des récompenses et voyage dans le monde entier. Jusqu’à cette année 2009 où un juge californien décide de revenir à la charge, demande l’extradition à la Suisse où Polanski participe à un Festival. La Suisse, embêtée, le remet en prison pendant deux mois, puis l’assigne à résidence pendant huit mois encore. Les autorités fédérales demandent la copie du dossier et, en particulier, une déclaration importante : celle du procureur de l’époque qui déclare devant le juge et le substitut du nouveau procureur que Polanski avait, en droit, pleinement exécuté la peine ordonnée (à Chino) et qu’en conséquence la demande d’extradition était fondée sur de fausses bases. La Suisse refuse l’extradition. Et puis fin 2014 Polanski est en Pologne pour l’inauguration du Musée de l’Histoire des Juifs polonais : nouvelle demande d’extradition. Et, une fois de plus, impossible d’obtenir la totalité du dossier. Il a fallu attendre l’automne 2015 pour que le tribunal polonais en charge refuse la demande américaine dans un exposé de motifs de deux heures relayé par la télévision polonaise. Depuis Polanski limite ses déplacements entre trois pays, Pologne, Suisse et France. Il est évident qu’aujourd’hui il ne s’agit plus que d’un différend entre l’administration judiciaire américaine et Polanski. Il y a longtemps qu’il a fait la paix avec la victime, Samantha Gailey, devenue Samantha Geimer. Il s’est excusé, elle lui a pardonné, a reçu une compensation financière et demande depuis 1997 l’arrêt des poursuites. Dans une auto-biographie elle dit que la traque dont elle continue à être l’objet est bien pire que cette relation qui a été caractérisée de viol. Encore tout récemment, au moment du début de l’affaire des Césars, elle demande qu’on arrête de poursuivre Polanski.
Alors on a dit qu’il y avait d’autres affaires. Quand on voit que parmi celles-ci il y aurait 5 victimes présumées anonymes dont le témoignage aurait été recueilli contre une récompense de 20000 dollars et qu’une artiste américaine prétend avoir été abusée sur la plage de Malibu alors qu’elle avait 10 ans par Polanski, disciple de Satan, on peut juger du sérieux de ces accusations. Dix ans ! Polanski est un homme qui a beaucoup aimé les femmes. Mais pas les enfants ! Ce n’est pas un pédophile ! Et puis il y en a qui l’accusent pour des faits qui remontent toujours à 40 ans alors qu’elles étaient majeures. Comme cette photographe française Valentine Monnier. Or il n’y a pas une seule action en justice dans le tas. C’est bien là une des faiblesses du mouvement metoo. Catherine Deneuve avait déjà critiqué le fait qu’à trop vouloir accuser les hommes pour tout geste ou parole de séduction ceux-ci ne sauront plus comment démarrer une relation. Et personnellement j’estime que lorsqu’une femme rapporte un fait qui s’est produit il y a plusieurs décennies alors qu’elle était majeure, elle sait parfaitement qu’elle ne peut acter en justice et donc que ce qu’elle cherche c’est la condamnation par les medias et les réseaux d’un homme qui ne peut se défendre. C’est totalement injuste et injustifiable.
Il a fallu attendre les jours qui suivent la soirée des Césars pour enfin entendre quelques voix, rares, dissonantes. Patrick Chesnais, Lambert Wilson, Pierre-Henri Lévy après Jean Dujardin et Fanny Ardant. Et, finalement c’est Emmanuelle Seigner qui parle de folles hystériques en mal de célébrité, de sorcières aussi. Oui, j’y ai pensé aussi. Une chasse aux sorcières à l’envers.
PS : Pour ceux qui me prendraient pour un mâle machiste je signale que je n’ai jamais cessé dans mes écrits à défendre la position de la femme, qu’en réalité je suis un féministe farouche. Il n’y a qu’à voir mes dernières notes sur mon Bloc-notes : une note sur le roman de Livaneli qui décrit une histoire de crime d’honneur en Turquie, deux notes sur les féministes égyptiennes, un très grand nombre de notes sur la Femme dans l’Islam (le film égyptien Le Bus 678, un film syrien sur un crime d’honneur, etc.) dont la dernière analyse la législation concernant la femme (polygamie par exemple) dans plusieurs pays musulmans, une note sur le problème de la Femme dans les mariages inter-castes à Bali, une note sur la Femme dans la Science-Fiction. J’ai rapporté le témoignage d’une femme sur les viols perpétrés par l’Armée russe à Berlin. J’ai parlé de la terrible torture chinoise des pieds bandés, de l’immolation par le feu des veuves en Inde et de la situation toujours précaire des veuves d’aujourd’hui dans ce pays. J’ai étudié l’ancienne attitude de l’homme envers la femme qui l’excite et qu’il juge donc lubrique et qui se défend par la parole et qu’il trouve donc rusée, et l’évolution de cette attitude au cours des siècles au Moyen-Orient (jusque dans l’Islam). J’ai étudié la position de la femme dans les Mille et une Nuits. Etc. etc.
Et je suis comme tout le monde les révélations récentes sur Matzneff, sur David Hamilton (de véritables pédophiles, ceux-là) et sur la façon dont une partie des intellectuels concevaient les relations sexuelles entre adultes et adolescentes après mai 68. Position que je désapprouve bien évidemment. Mais cela ne change rien en ce qui concerne mon opinion sur l’affaire Polanski…